Pour le traitement des épicondylites, les avis sont partagés, les études souvent contradictoires. Le Collège néerlandais des généralistes propose, quant à lui, plutôt une politique de « wait and see » qu'une attitude agressive. D'où la proposition de médecins néerlandais, Nynke Smidt et coll. (Amsterdam), de mener une étude de suivi de patients, les uns traités par infiltrations, les autres par kinésithérapie et, enfin, certains soumis à des conseils préventifs avec antalgiques ou AINS si besoin, un groupe dit « wait and see ». Les résultats de ce travail sont publiés dans le « Lancet ».
Tennis elbow depuis plus de six semaines
Le suivi des patients sur un an conforte les recommandations. Si, sur le court terme, les infiltrations procurent une nette amélioration, à 12 mois les corticoïdes offrent le moins bon bénéfice. Les sujets soumis à la kinésithérapie sont alors les plus améliorés, viennent ensuite ceux respectant la politique attentiste. Cependant, l'écart entre ces deux groupes n'est pas jugé statistiquement significatif.
Les médecins ont enrôlés 185 patients, recrutés par des généralistes. Tous souffraient de tennis elbow depuis plus de six semaines. Au passage, les auteurs précisent que lorsque ces symptômes de tendinite durent moins de six semaines, infiltrations de corticoïdes et kinésithérapie ne sont pas indiquées. Après tirage au sort, les sujets ont reçu l'un des trois types de traitement proposés (en tenant compte toutefois de leur souhait) pendant six semaines. Une évaluation de la plainte, de la force de préhension et de la douleur à la pression a été faite à 3, 6, 12, 28 et 25 semaines.
A six semaines, les infiltrations de corticoïdes ont eu une efficacité supérieure aux autres traitements avec un taux de succès de 92 % (n = 57), la kinésithérapie n'a apporté que 47 % (n = 30) de succès et l'attentisme 32 % (n = 19).
Déjà pressentie à la 26e semaine, la surprise est arrivée au bout d'un an. Le taux de succès est passé, dans le groupe infiltrations, à 69 % (n = 43), à 91 % avec la kinésithérapie (n = 58) et à 83 % (n = 49) dans le groupe « wait and see ». Les auteurs précisent que les écarts entre ce dernier groupe et les deux autres est trop faible pour être considéré comme significatif.
Comment expliquer ce constat ? « Nous pensons que les mauvais résultats des corticoïdes sur le long terme sont associés à la grande fréquence de traitements ajoutés après 6 semaines. La fréquence élevée de rechutes et récurrences (23,37 %) pourrait être expliquée de deux façons. Tout d'abord les injections de corticoïdes peuvent être néfastes pour le tendon... Deuxièmement, les patients peuvent n'avoir pas suivi les conseils de leur médecin de famille et avoir surmené leur coude après l'infiltration. »
Avantages et inconvénients
De tels résultats laissent à penser qu'attendre une guérison spontanée pourrait représenter un traitement chez des patients se présentant avec des symptômes d'apparition récente. Toutefois ces sujets devraient être correctement informés des avantages et inconvénients de chaque option thérapeutique de leur épicondylite. Chez ceux qui souhaitent un soulagement rapide, l'infiltration de corticostéroïdes peut convenir, avec un avenir incertain. Une politique attentiste accompagnée de conseils et d'antalgiques ou d'AINS si besoin, peut souvent suffire.
« Lancet », vol. 359, 23 février 2002, pp. 657-662.
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