LE THEATRE de la Madeleine refuse du monde chaque fin de semaine pour assister à ce duel extraordinaire. Etrange, non ? Comme si les citoyens avaient un besoin profond de véritables affrontements politiques alors même que les télévisions ne nous servent plus que les lénifiantes séances avec les « vrais gens », comme disent les manipulateurs de l'Audimat.
La force de cette proposition est qu'elle est d'une sobriété extravagante. Les interprètes ne cherchent en rien à imiter les modèles. Ils ont étudié la gestuelle, quelques mimiques. C'est tout. Entre eux, Vincent Debost, qui est le journaliste qui surveille les temps de parole et qui, dans le débat de 1981, donné après un bref entracte, pose quelques questions.
A quoi tient notre intérêt, voire notre jubilation ? C'est bien loin 1974 et 1981 tout autant. On est dans l'Histoire proche. On se souvient. On rit parce que ces deux hommes d'Etat ont le sens du spectacle. Ils sont joueurs, et peut-être même comédiens. Jean-Marie Duprez est le regard qui s'est posé sur les deux immenses interprètes que sont Jacques Weber et Jean-François Balmer. On ne s'ennuie pas une seconde pendant ces deux heures.
On entend des phrases terribles. Giscard prévient en 1981 : si Mitterrand applique son programme économique, le chômage va augmenter d'une manière catastrophique. On retrouve des réalités : en 1974, le Front national n'obtient les suffrages que de 0,62 % des inscrits...
Qu'est-ce qui plaît tant ici ? La nostalgie ? Le fait que l'on connaisse la suite des événements ? La mauvaise foi. L'agressivité de François Mitterrand à la fin du débat de 1981 ? En tout cas, le talent immense de Weber et de Balmer donne aux duels une puissance remarquable. Et puis, force est de le constater, en ce temps-là, un homme d'Etat face à un homme d'Etat, cela donnait une vraie réflexion... et sans doute y a-t-il dans cette réflexion quelque chose qui vaut encore aujourd'hui et nous change de ces débats où l'affectif l'emporte toujours. Même si, et c'est l'un des points très intéressants, cette tentation de l'affectif insiste ici, sous les deux discours.
Théâtre de la Madeleine, les samedis et les dimanches à 18 h. Durée : 2 h 15 entracte compris. A noter : un remarquable programme qui reprend les deux débats et est accompagné d'un dossier documentaire copieux. Réservations au 01.42.65.07.09. ou 0892.68.36.22.
www.theatre.madeleine.com, http://www.theatre.madeleine.com.
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