L'énurésie nocturne isolée est définie par la survenue d'une miction complète et inconsciente nocturne chez un enfant de plus de 5 ans, parfaitement propre le jour et sans affection organique, neurologique ou psychiatrique. Dans 80 % des cas, il s'agit de l'énurésie nocturne primaire isolée (ENPI) qui touche en France chaque année 400 000 enfants, 100 000 adolescents et 4 000 adultes de plus de 18 ans.
Selon le Dr H. Lottman (Paris), on retrouve dans ce trouble de perception de la répression vésicale une composante héréditaire et deux facteurs principaux : soit la production d'urine est trop importante durant la nuit, conséquence d'une diminution du pic nocturne de l'hormone antidiurétique (70 % des cas) ; soit la capacité faible de la vessie (30 %), le dysfonctionnement vésical intervient dans un petit sous-groupe.
10 % des énurétiques pris en charge
Les mères ont tendance à minimiser l'ENPI, et les praticiens ne la considèrent pas souvent comme une maladie à part entière, en raison de l'absence d'enseignement universitaire sur les troubles mictionnels. Résultat : 10 % seulement des enfants énurétiques bénéficient d'une prise en charge thérapeutique.
C'est pourquoi le Laboratoire Ferring mène une campagne de sensibilisation sur l'ENPI auprès des professionnels de santé et des parents afin qu'ils prennent en compte la souffrance de ces enfants due aux répercussions invalidantes, parmi lesquelles une diminution de l'estime de soi et des mauvaises relations enfant-parents (énervement, voire punition, ayant pour conséquence de culpabiliser injustement l'enfant).
Ainsi une enquête nationale a été lancée le 1er octobre 2002. Elle se déroule sur deux ans auprès de 3 000 familles. Elle a été annoncée dans les pharmacies, les cabinets médicaux et les services de pédiatrie par voie d'affiches et de brochures. Un numéro Vert, le 0800 05 1997, est mis à la disposition de tous les parents qui veulent participer à l'enquête, il les met en relation avec la société Follow-up, chargée de gérer ces appels et d'analyser les questionnaires.
Autre outil pédagogique proposé dans le contexte de l'enquête : le livre « Pipi au lit, ça se soigne » (M. Cymes et R. Depoix, Guide France Info, éditions Jacob-Duvernet 2003).
66 % de formes sévères
L'analyse des 373 premiers résultats (au 1/03/2003) de l'enquête permet de faire ressortir quelques chiffres édifiants. Les enfants participants sont dans la majorité des cas (76 %) des garçons, 66 % des enfants souffrent d'une forme sévère de l'ENPI (toutes les nuits), 60 % portent des couches la nuit. Ces enfants vivent dans un milieu familial plutôt stable (82 % vivent avec leurs deux parents), plus de 7 enfants sur 10 ont un sommeil dit profond, et selon les parents, la fatigue physique influence à 17 % les nuits mouillées, les contrariétés à 15 % et le stress scolaire pour 11 % des cas. Cela dit, le profil psychologique n'est pas différent de celui des enfants de même âge, à la différence de l'énurésie secondaire, laquelle est le plus souvent liée à un facteur affectif ou psychologique stressant, précise le Dr H. Lottmann.
Deux tiers des enfants ont honte
L'enquête montre aussi le retentissement très important de l'ENPI sur la vie familiale et relationnelle. Près de 2/3 des enfants ont honte de leur maladie, 49 % se considèrent moins bien que leurs copains, 42 % refusent de dormir chez des amis. Du côté des parents, 46 % estiment que cette maladie a un retentissement sur la vie de famille. Pour 67 % c'est un problème, pour 50 % « un moment difficile à passer ». Cependant, seulement 24 % d'entre eux la considèrent comme une réelle maladie.
En ce qui concerne la prise en charge, 86 % de ces enfants ont consulté un médecin, avec un suivi peu intense (89 % suivent un traitement occasionnel et 4 % seulement ont un traitement continu). Du côté des médecins, 79 % proposent une prise en charge : l'utilisation du calendrier mictionnel prédomine (54 %), puis viennent les conseils et les couches ; le médicament est prescrit dans 64 % des cas et l'alarme sonore dans 12 %.
Aux yeux du Dr H. Lottmann, des mesures non spécifiques sont généralement souvent insuffisantes dans les formes sévères, d'où la nécessité de prescrire un traitement spécifique tout en essayant d'obtenir la participation de l'enfant, auquel il faut faire comprendre que le pipi au lit n'est pas « sa faute ». Le correcteur en déficit en ADH, la desmopressine (Minirin), qui permet de diminuer le volume urinaire nocturne en induisant une augmentation de la réabsorption d'eau par le rein, a montré son efficacité clinique dans 70 à 80 % des cas. Il existe en spray nasal et une extension d'indication a été récemment accordée pour la forme comprimé.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire Ferring.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature