E N France, selon les données d'une enquête SOFRES réalisée en 1997 auprès de quatre mille enfants scolarisés âgés de 5 à 10 ans, sa fréquence est de 9,2 %, dans la tranche d'âge des 5 à 10 ans, et de 11,2 % chez les enfants de 5 à 7 ans.
L'ENPI guérit spontanément avec l'âge, de 10 à 15 % des enfants deviennent continents chaque année, mais 1 % d'entre eux sont toujours énurétiques à 18 ans.
La grande fréquence de l'énurésie contraste avec le fait qu'elle est trop souvent banalisée et passée sous silence. La grande majorité des mères ignorent ou nient les conséquences de l'énurésie. Elles ne consultent pas pour un problème jugé bénin qui forcément « passera avec l'âge » et qui, selon elles, ne gêne pas l'enfant.
Pourtant, différentes études montrent que l'enfant énurétique éprouve un sentiment de culpabilité, une baisse d'estime de soi, il se replie sur lui-même et limite ses contacts avec ses camarades.
En outre, l'ENPI engendre des répercussions familiales, sociales, scolaires. Elle empêche 42 % des enfants de dormir chez leur amis et 36 % de partir en vacances en dehors de leur famille et peut être la cause d'échec scolaire.
« Des solutions existent, il faut inciter les parents à oser en parler à un médecin et surtout ne jamais oublier que si un enfant fait pipi au lit, il n'est ni coupable ni responsable », souligne le Dr Edwige Antier (pédiatre, Paris).
Au moins un parent aux antécédents d'énurésie
L'énurésie est un trouble mictionnel complexe. Plusieurs facteurs, seuls ou le plus souvent intriqués, peuvent être en cause : antécédents familiaux - 74 % des garçons et 58 % des filles énurétiques ont au moins un de leur deux parents avec des antécédents d'énurésie -, perturbation des mécanismes d'éveil, immaturité vésicale, diminution de l'amplitude du pic nocturne d'ADH, facteurs psychologiques.
« Pour chaque enfant, la détermination de ces facteurs est une étape indispensable. Elle permet d'envisager une prise en charge adaptée comportant un traitement spécifique qui, chez un enfant motivé, permet d'accélérer la disparition du symptôme dans la majorité des cas », souligne le Dr Henri Lottmann (chirurgien des hôpitaux, spécialiste en urologie de l'enfant et de l'adolescent, Paris).
Après confirmation du diagnostic, la prise en charge initiale comporte des mesures non spécifiques : évaluation des habitudes mictionnelles de l'enfant et leur correction lorsqu'elles sont mauvaises (boissons insuffisantes dans la journée, l'enfant boit le soir en rentrant de l'école, mictions trop espacées, différées...), suppression des couches, tenue d'un calendrier mictionnel qui permettra de suivre régulièrement les progrès.
Un traitement médicamenteux
Ces mesures seules sont généralement insuffisantes et des traitements spécifiques doivent être prescrits. Un conditionnement par alarme sonore qui peut donner de bons résultats si les parents sont très coopérants. Ou bien un traitement médicamenteux. La desmopressine (analogue structural de synthèse de l'hormone antidiurétique) est indiquée en première intention dans l'ENPI polyurique. Utilisée sous forme de spray nasal chez les enfants à partir de 5 ans depuis 1989, la desmopressine (Minirin) est disponible depuis mai 2002 sous forme de comprimés (Minirin 0,2 mg) pour les enfants à partir de 6 ans. Cette forme galénique est particulièrement adaptée en cas de rhinites, fréquentes chez l'enfant. Bien tolérée, les effets secondaires (céphalées, crampes abdominales, bouffées vasomotrices) sont peu fréquents ou n'apparaissent qu'aux doses élevées. La desmopressine a fait la preuve de son efficacité clinique (de 70 à 80 % des enfants sont répondeurs à la posologie journalière de 1 à 2 comprimés) à condition de respecter la restriction hydrique. Il est recommandé de limiter la prise de boissons à deux heures avant la prise du médicament (prise unique avant le coucher). Délivrées sur prescription médicale, les deux formes sont remboursées par la Sécurité sociale. Autre traitement médicamenteux, l'imipramine est classiquement indiquée dans l'énurésie de l'enfant. La dose toxique étant proche de la dose thérapeutique, elle doit être prescrite avec une extrême prudence, uniquement chez le grand enfant après échec des autres traitements.
Dans tous les cas, les traitements ne seront pleinement efficaces qu'avec la participation de l'enfant.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Ferring
Une enquête nationale
Les Laboratoires Ferring, qui viennent d'obtenir une extension d'AMM pour la forme comprimé de la desmopressine dans le traitement de l'énurésie de l'enfant de plus de 6 ans, entreprennent une campagne de sensibilisation, tant auprès des acteurs de santé que des parents, pour encourager le dépistage et la prise en charge de l'énurésie nocturne. Plusieurs actions seront mises en place dans les prochains jours, dont la réalisation d'une vaste enquête nationale destinée à faire un état des lieux des répercussions de l'ENPI.
Cette enquête, « pipi au lit », menée sur vingt-quatre mois, sera effectuée auprès de trois mille familles. Elle sera annoncée par voie d'affiches en pharmacie et dans les salles d'attente des médecins. Les parents concernés, et qui le souhaitent, pourront appeler un N° Vert 0 800 05 1997. L'interlocuteur après avoir validé que l'enfant est bien atteint d'énurésie, adressera un dossier à retourner. Il comprend une lettre d'information et l'enquête en cinq parties (confirmation diagnostique, père, mère, enfant et enquêteur).
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