JIM JARMUSCH a dédié son film à Jean Eustache, car pour lui, « la Maman et la putain » est « un des plus beaux films sur l'incompréhension entre les hommes et les femmes ». Pour aborder le sujet, à sa manière toute personnelle, le cinéaste de « Dead Man » a choisi de confronter l'inénarrable Bill Murray à cinq femmes. Non qu'il s'agisse vraiment d'une comédie. Et pas davantage d'une histoire déprimante. Plutôt les deux à la fois. Jarmusch n'est pas du genre à entrer dans une catégorie, il aime « tourner des scènes où l'on ne peut pas savoir ce qui va arriver ».
Tout de même, le personnage écrit par Bill Murray correspond bien à l'image que l'on a désormais de lui, en tout cas via ses rôles. « Il a toujours montré un singulier mélange de malice et de mélancolie », définit très bien Jarmusch. Et il se glisse parfaitement, au risque de se caricaturer, dans la peau du Don Juan fatigué que sa dernière conquête vient de lâcher (une scène pour Julie Delpy). On n'est pas loin du Bob de « Lost in Translation ».
Ici, il s'appelle Don, et, alors qu'il sombre dans la dépression, il reçoit une lettre rose, venant d'une femme qu'il a connue mais non signée. Elle lui annonce qu'il a un fils de 19 ans. Son voisin (très drôle Jeffrey Wright, censé parler avec un accent éthiopien), passionné d'enquêtes policières, le persuade de chercher dans son passé de grand séducteur.
C'est le genre d'histoire toujours excitante. Les femmes qu'il a connues sont autant de portes ouvertes sur une autre existence, vite refermées. Autant d'images de l'Amérique et de ses manières de vivre. Autant d'actrices aux charmes divers : Sharon Stone (toujours séductrice), Frances Conroy (connue pour son personnage de la série télé « Six feet under »), Jessica Lange (surprenante en amie des animaux,) et enfin Tilda Swinton (comédienne britannique révélée au grand public par « Orlando » et qui a joué dans des films anglais et américains très divers).
Ces dames sont parfaites mais elle ne peuvent voler la vedette à Bill Murray. Dès qu'il apparaît sur l'écran, avec son air de vieux gamin désabusé et prêt à toutes les bêtises, on sourit. Jarmusch lui a écrit un rôle en or et le filme avec juste ce qu'il faut de familiarité. Et tant pis si la philosophie de l'histoire (quelque chose comme « il faut savourer l'instant ») ne va pas très loin, on ne peut pas tout avoir.
« Broken Flowers », de Jim Jarmusch
Entre tristesse et sourire
Publié le 06/09/2005
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7795
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