Le « Journal of American College of Cardiology » (1) publie une étude sur l'effet cardioprotecteur du vin rouge. Cette protection pourrait faire intervenir la synthèse de monoxyde d'azote par le tissu endothélial humain, comme le suggère une expérimentation menée par Thomas Wallerath et son équipe, du département de pharmacologie de l'université Johannes Gutenberg de Mayence. En étudiant in vitro l'effet de cette boisson sur des cellules en cultures, les chercheurs ont constaté une augmentation de la synthèse d'eNO, une stimulation de son activité biologique, et une activation de l'ARN messager impliqué dans sa production.
Phénols, polyphénols et flavonoïdes
Ces actions ne semblent être attribuées qu'aux productions françaises, car le vin allemand n'a, dans cette étude, que peu d'effets. Le vieillissement en fût de chêne n'entraîne pas de différence significative. Les auteurs concluent que cette activation de l'eNO peut contribuer à l'action bénéfique de cette boisson sur le système cardio-vasculaire.
Dans son éditorial, le Dr Robert A. Vogel, de Baltimore, fait le point sur les connaissances actuelles dans ce domaine. Plusieurs études épidémiologiques tendent à le montrer : une faible prise d'alcool, quelle que soit la boisson, améliore le métabolisme lipoprotéique et le risque cardiaque. Le vin rouge semble apporter un bénéfice supplémentaire, lié à des composants tels phénols, polyphénols et flavonoïdes. Lesquels interviennent en améliorant le rapport HDL/LDL, par leurs propriétés antioxydantes et par une diminution de l'agrégation et de l'adhésion des plaquettes. Beaucoup de ces effets pourraient être liés à l'action du monoxyde d'azote endothélial (eNO) qui serait donc un médiateur de cette protection cardio-vasculaire conférée par le vin. La variabilité de stimulation d'eNO selon le vin serait une explication plausible aux différences constatées entre les études européennes et américaines (la protection semble moindre dans ces dernières).
Cet effet supplémentaire du vin doit cependant être relativisé par la prise en compte de nombreux cofacteurs : parmi les buveurs d'alcool, les amateurs de vin ont tendance à être moins obèses, à faire plus d'exercice et à consommer au cours des repas.
Il y a d'autres paradoxes : le Japon, qui est le pays développé ayant le plus faible taux de maladie cardio-vasculaire, a une consommation par habitant six fois plus faible que la France ; la faible mortalité d'origine cardiaque dans les pays vinicoles (France, Italie, Espagne) ne s'accompagne pas d'une diminution de mortalité globale.
Des paradoxes
En fait, la combinaison des effets positifs et négatifs de l'alcool réalise une courbe consommation/mortalité en « U » : le meilleur bénéfice est obtenu dans les tranches d'âge moyen ingérant de un à trois verres par jour.
Les travaux tels que celui présenté par l'équipe de Mayence doivent donc être interprétés avec prudence, d'autant qu'il s'agit d'observations in vitro : la quantité de vin administrée aux cellules, rapportée au compartiment hydrique d'un individu, correspond à une ingestion aiguë de trois litres et demi.
(1) « Journal of the American College of Cardiologie », 5 février 2003, vol. 41, n° 3, pp. 471-478 et 479-481.
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