Débat du second tour de la présidentielle

Entre Le Pen et Macron, dialogue de sourds sur la santé aussi...

Publié le 03/05/2017
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Crédit photo : Amandine Le Blanc

La séquence fut courte, mais intense. À la différence du débat Sarkozy-Hollande de 2002, le débat du second tour 2017 aura fait mercredi soir une (petite) place à la santé. Signe sans aucun doute que la question tracasse de plus en plus les assurés comme les soignants. Mais à l’image du reste de ce face à face Macron-Le Pen, ce fut sur des échanges peu audibles, sous les assauts répétés de la candidate d’extrême droite.

Première offensive sur la Gestation Pour Autrui (GPA). Occasion pour Marine Le Pen de faire un audacieux parallèle entre une polémique ancienne mettant en cause Pierre Bergé et une supposée complicité de son concurrent, pour lequel, selon elle, « les ventres sont à vendre ou à acheter… » (sic). La réponse d’Emmanuel Macron fuse, aussi indignée qu’immédiate : « Quand vous dites que je ne respecte pas le corps des femmes, c’est un mensonge. J’ai toujours dit que j’étais contre. » Et le candidat d’En Marche de porter à son tour le fer sur les collectivités gérées par le FN supprimant les crédits au Planning familial

Echanges d'amabilité sur la GPA et l'AME...


La GPA s'invite dans le débat entre Macron et... par lalibre

Le prix du médicament en question

Ce n’était pas fini... Marine Le Pen devait ensuite attaquer sur la proximité supposée entre Emmanuel Macron et « les grands laboratoires » auxquels l’ancien ministre de l’Economie serait, dixit la candidate, entièrement soumis. Et la leader du FN de revenir sur le retrait, il y a quelques semaines, d’un professeur de médecine du staff santé d’En Marche, auquel on reprochait des liens trop étroits avec le laboratoire Servier… Emmanuel Macron n’est pas revenu précisément sur cette histoire. Mais alors que Marine Le Pen se faisait fort de faire des économies importantes sur le coût des innovations, il s’est inscrit en faux sur les conséquences de ce nationalisme sanitaire : « 80 % des médicaments sont faits à l’étranger. Comme vous allez taxer les importations, cela va augmenter les prix. Pendant les années qui viennent, si vous êtes élue, les prix des médicaments augmenteront… » a-t-il annoncé aux téléspectateurs

Explication sur la prise en charge des soins

Toujours à l’offensive, Le Pen a voulu ensuite amener le débat sur les promesses de Macron à mieux prendre en charge l’optique, le dentaire et les prothèses auditives, accusant ce dernier de « flou » sur ce chapitre emblématique de son volet santé. Occasion pour le favori des sondages de réitérer son engagement d’arriver à 100 % de prise en charge sur ces chapitres, via une « clarification entre Sécurité sociale, mutuelles et professionnels. » Et celui-ci de plaider alors pour trois contrats types de contrat de prise en charge complémentaire.

Décidément, la courte partie santé de ce débat devait rester polémique jusqu’au bout… Marine Le Pen faisant allusion au numerus clausus « que vous n’avez pas touché » ouvrant, selon elle, les portes du marché français aux diplômés étrangers… Emmanuel Macron évoquant brièvement les conséquences sanitaires et humanitaires désastreuses d’une suppression de l’Aide Médicale d’Etat (AME), la mesure phare du FN.

Chacun sa recette pour remédicaliser les zones blanches...

Seul point de convergence finalement entre les deux candidats : les déserts médicaux, dont ils font, l’un et l’autre, une priorité. Côté Le Pen, on insiste sur les distances et les délais pour consulter un spécialiste en zones blanches. Côté Macron, on évoque ces 30 % de patients qui ne bénéficient plus de continuité des soins. Sur ce point, les recettes de l’un et de l’autre se rapprochent un peu. Même si Emmanuel Macron met l’accent sur le développement des MSP et une coopération accrue « entre médecine publique et médecine privée. ». Marine Le Pen insistant davantage sur la formation d’un nombre accrue de blouses blanches et les avantages fiscaux pour les médecins retraités.

La fin du débat sera revenue sur ces sujets à la faveur de la "carte blanche" d'Emmanuel Macron consacrée à la priorité qu'il compte donner aux handicapés, via la revalorisation de l'allocation adulte handicapé et la multipliplication des auxiliaires de vie scolaires. Auparavant, Marine Le Pen avait quant à elle porté l'offensive sur le recul de la médecine du travail via la "loi El Khomri-Macron" (sic)... En conclusion, elle a aussi accusé son adversaire d'être le candidat de la "fermeture des maternités et des hôpitaux."...


Source : lequotidiendumedecin.fr