Cinéma

Entre deux mondes

Publié le 29/03/2013

Article réservé aux abonnés

« Le Premier homme » 1957 : un écrivain français à succès retourne en Algérie, son pays natal, à l’heure où le peuple se bat pour son indépendance. Il s’appelle Jean Cormery, il vient revoir sa mère, ses amis d’enfance, son vieil instituteur… Cet écrivain, c’est Albert Camus. Si les noms ont été changés, c’est que le film adapte son dernier livre (inachevé), qui sortit présenté comme un roman. Mais tout est vrai, ou quasiment. Camus, marqué par la disparition de son père en 1914, un an après sa naissance, a été élevé par des femmes. Le film navigue entre 1957 et années 20, qui montrent Camus enfant, vivant chez une grand-mère dure et violente, près d’une mère aimante mais trop jeune veuve, qui restera analphabète. C’est un instituteur perspicace qui découvre les aptitudes du garçon à faire des études… Toute cette période porte en germe le conflit qui allait éclater plus tard, comme en témoigne un personnage (qui n’est pas dans le livre), un jeune arabe camarade de classe de Camus, symbole de l’Algérie qui allait se rebeller. Tout sonne juste dans ces moments ensoleillés mais plombés par les tourments du jeune garçon tiraillé entre deux mondes, qui allait plus tard se heurter à la difficulté d’être français en Algérie et Algérien en France. Un très beau film, de facture classique, élégant, porté par la sensibilité extrême de ses comédiens et, comme le dit Denis Podalydés (qui joue l’instituteur), « Illuminé par la droiture de ses personnages ».

Film français de Gianni Amelio (100’). Avec Jacques Gamblin, Catherine Sola, Denis Podalydès.

Bernard Génin