Classique
Le ballet de Tchaïkovski et Petipa est à la fois l'archétype du ballet de répertoire classique d'une troupe qui se respecte et le plus souvent sujet à des transpositions et autres adaptations. Les années passées, le « Lac » en a vu de toutes les couleurs avec à Paris le « Lac » traditionnel mais psychanalytiquement orientée de Noureev, celui hambourgeois montré l'an dernier au Châtelet de John Neumeier, qui dédoublait la personnalité déjà bien schizophrène du roi Ludwig II dans le rôle du prince. Mats Ek, avec sa troupe suédoise, a aussi replacé le conflit entre mère et fils au premier rang des préoccupations du prince Siegfried. Personne cependant n'est allé aussi loin dans l'incorrection politique que Matthew Bourne à Londres avec son « Swan Lake » franchement gay où les cygnes mâles et le prince fréquentent les parcs mal famés !
De Jan Fabre, l'iconoclaste, on attendait plus pour cette création, commandée par le Ballet Royal de Flandre, seule compagnie classique de Belgique. Il est resté, au plan purement chorégraphique dans un premier degré, tiédissant beaucoup la danse classique de Petipa et Ivanov dont il ne conserve presque rien, réduisant tout le premier acte à un laborieux exercice de style et les passages de virtuosité des actes blancs et du bal, malgré l'habileté des solistes du Ballet de Flandre, Aysem Sunal et Priit Kripson, à une démonstration glacée et glaçante. Quelques belles idées y sont bien exposées, mais insuffisamment développées pour donner un sens à cette adaptation. L'univers chevaleresque médiéval, les personnages du bouffon et celui du nain Nano, surineur de cygnes (étonnant Jurgen Verheyen), s'ils avaient été exploités avec plus de conviction, auraient pu être les clés d'une lecture autrement plus passionnante. Quant au personnage de Zoomorphe (Jeroen Verbruggen), atteint de convulsions quasi épileptiques, à moins qu'il ne soit possédé par on ne sait quel démon, on lui laissera le bénéfice du doute... Il faut aussi saluer l'idée d'un Rothbart transportant sur sa tête un hibou aux cris perçants et, semble-t-il, très musicien, mais l'utilisation filmée du dit hibou à chaque entracte est bien lassante à force de répétition.
Circonstance aggravante, l'ex272727écrable sonorisation du Théâtre de la Ville rend pénibles les deux heures trente de musique enregistrée ininterrompue. Les responsables techniques devraient aller dans certains théâtres de banlieue (on pense à Saint-Quentin-en-Yvelines et à Sceaux pour n'en citer que deux qui présentent des spectacles chorégraphiques) pour savoir ce que sonorisation veut dire... Quant à l'utilisation du stroboscope, elle paraît aujourd'hui furieusement rétro ! Bref, un « Lac » entre deux eaux qui ne mérite pas de rentrer au panthéon des « Lacs » dévoyés.
Théâtre de La Ville (01.42.74.22.77). Ce « Lac des Cygnes » pourra être vu à Bruges les 22 et 23, Anvers les 26, 27 et 28, Gand les 3, 4 et 5 mai, Amsterdam les 9, 11, 12, et à nouveau à Anvers du 27 au 30 juin.
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