Entre 1993 et 1999, le revenu de l'activité libérale des médecins a augmenté en moyenne chaque année de 1,4 % en valeur (de 0,1 % en euros constants). L'augmentation des prix à la consommation ayant été de 1,3 % par an sur la même période, le pouvoir d'achat de ce revenu est resté quasi stable (en hausse moyenne de 0,1 % par an).
Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité décortique dans une étude l'évolution récente du revenu des médecins de ville (1). Il met au jour les disparités importantes que ces moyennes cachent entre les spécialités. Exclusion faite des praticiens auxquels leur activité libérale procure un revenu peu représentatif (par exemple, les libéraux qui se sont installés dans l'année, ceux ont pris leur retraite dans l'année, les non-conventionnés, les praticiens hospitaliers à plein temps, dont l'activité libérale reste très marginale, etc.), les médecins dits « actifs à part entière » affichaient en 1999 un revenu annuel moyen de 64 500 euros, variant de 46 700 euros pour les pédiatres à 165 000 euros pour les radiologues (voir tableau). Au fil de chacune des sept années précédentes, ils avaient gagné en moyenne 0,2 % de pouvoir d'achat. Une progression dans le détail très inégalement répartie : pendant que les généralistes perdaient tous les ans 0,4 point de pouvoir d'achat, les spécialistes en engrangeaient 0,8. Avec des disparités de taille. Ainsi, si le pouvoir d'achat des dermatologues subissait chaque année une inflexion de 1,6 point, celui des radiologues grimpait de 2,9 % par an.
Avec des pondérations différentes selon les spécialités, cinq facteurs interviennent qui expliquent l'évolution du revenu des médecins libéraux : l'activité, les effectifs, la tarification, les dépassements d'honoraires et le montant des charges. L'augmentation de l'activité, constate le ministère, « a sensiblement contribué » à l'augmentation du revenu des pneumologues, des ophtalmologues, des anesthésistes et des radiologues. Pour les ORL, les pédiatres et les stomatologues, c'est la diminution des effectifs qui a été déterminante. Les modifications de tarif ont surtout joué en faveur des omnipraticiens et des psychiatres. Les dépassements d'honoraires ont eu un « poids significatif » dans la croissance du revenu des ophtalmologues, des chirurgiens et des gynécologues.
Quant aux pédiatres, aux psychiatres, aux ophtalmologues et aux anesthésistes, ils ont particulièrement souffert de l'augmentation de la valeur de leurs charges (respectivement + 4 %, + 4,1 %, + 4,6 % et + 6,5 % par an).
A l'intérieur de la période 1993-1999, on peut distinguer un avant- et un après-1997. En effet, l'inflation ayant été plus faible entre 1997 et 1999 qu'au cours des années précédentes, le revenu libéral réel s'est remis à augmenter (+ 0,8 % par an entre 1997 et 1999, contre - 0,2 % auparavant). Ont particulièrement profité de cette « embellie » les cardiologues, les généralistes, les dermatologues et les anesthésistes.
(1) Sophie Audric, « L'évolution du revenu libéral des médecins entre 1993 et 1999 », direction de la Recherche, des Etudes et de l'Evaluation des statistiques (DREES), revue « Etudes et Résultats » n° 157.
Evolution du pouvoir d'achat |
|||
Pouvoir d'achat |
Revenu annuel |
||
1993 - 1999
|
1997 - 1999
|
en 1999
|
|
Omnipraticiens | -0,4 | 0,9 | 50 700 |
Anesthésistes | 0,6 | 2,1 | 120 300 |
Cardiologues | 0,8 | 1,5 | 88 100 |
Chirurgiens | -0,5 | -0,5 | 115 100 |
Dermatologues | -1,6 | 0,4 | 52 600 |
Gastro-entérologues | -0,9 | -1,4 | 74 600 |
Gynécologues | -0,1 | -0,3 | 66 100 |
Ophtalmologues | 1,2 | 1,0 | 85 600 |
ORL | -1,1 | -1,4 | 68 500 |
Pédiatres | -1,1 | -1,6 | 46 700 |
Pneumologues | 0,1 | -1,2 | 59 100 |
Psychiatres | 0,0 | -0,8 | 48 000 |
Radiologues | 2,9 | 1,7 | 165 000 |
Rhumatologues | -0,1 | -1,2 | 55 500 |
Stomatologues | -0,4 | -1,0 | 79 500 |
Total des spécialistes |
0,8
|
0,8
|
82 400
|
Total des médecins |
0,2
|
0,8
|
64 500
|
Indice des prix |
1,3
|
0,6
|
|
Champ : l'ensemble des médecins dits « actifs à part entière ». |
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