Entraide internationale contre le bioterrorisme

Publié le 10/02/2002
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De notre correspondant

Depuis le 11 septembre, c'est la première fois que les bureaux régionaux de Copenhague et de Lyon de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), réunissaient les ministres de la Santé, vice-ministres ou directeurs de la Santé de 28 pays d'Europe, dont l'ensemble des pays de l'Est issus de l'ex-Empire soviétique. Objectif : faire le point sur l'état des forces sanitaires susceptibles d'affronter une éventuelle épidémie, qu'elle soit d'origine naturelle ou provoquée par la main de groupes terroristes notamment.

Le bilan de cette réunion à huis clos et surveillée de très près ? Top secret, tant on est proche, en la matière, du « secret défense ».
Mais la volonté politique de renforcer la coopération internationale contre le risque bioterroriste est bien là, ont assuré les responsables de l'OMS à l'issue de la rencontre. Elle relève même d'une « obligation de solidarité entre pays riches et pays pauvres », insiste le Dr Marc Danzon, directeur du bureau de l'Europe du Nord de l'OMS. Concrètement, c'est d'ailleurs le tout nouveau bureau de Lyon de l'organisation, spécialisé dans les maladies transmissibles, qui est chargé d'un aspect essentiel de cette coopération : la formation des médecins, biologistes et experts de tous les continents, pour améliorer, constamment en le rationalisant et en unifiant les procédures, le réseau d'alerte sanitaire mondial. Pour le Dr Diégo Buriot, son directeur, « la rencontre a permis de cerner les points faibles de plusieurs pays de l'ex-Union soviétique, mais il ne faut pas oublier que nombre des systèmes de santé de l'Est de l'Europe sont actuellement en pleine réorganisation ou transformation. Globalement, la tendance est toutefois de mettre davantage de moyens dans la surveillance épidémiologique ».

Coopération Europe-Etats-Unis

Bernard Kouchner avait fait le déplacement de Lyon pour deux raisons. D'abord pour « marquer le coup du premier anniversaire du bureau lyonnais de l'OMS » (à peine revenu du Kosovo, il n'avait pu, l'an dernier, assister à son inauguration officielle) et « saluer ses amis de l'OMS et ses homologues des pays étrangers ». Ensuite et surtout pour réaffirmer « la nécessité de mettre toutes les ressources en commun dans la lutte contre les épidémies ».
Dans « notre petit village global, a souligné le ministre délégué à la Santé, les risques bactériens, viraux ou chimiques du voisin, qu'il soit pauvre ou riche, peuvent débarquer chez nous sans crier gare : la coopération internationale contre le risque sanitaire est donc impérative ».
Le ministre s'est réjoui de ce que « l'Europe, la France et les Etats-Unis sont désormais sur la même longueur d'ondes en la matière ». Un point positif et peut-être porteur d'espoir car, rappelle le Dr David Heymann, directeur du département des maladies transmissibles à l'OMS, « quelque 14 millions de personnes meurent chaque année dans les pays en développement pour cause d'épidémies »... qui n'ont rien à voir avec le risque bioterroriste.

Max SAINT-RUF

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7063