On saura demain avec la décision du SML si la totalité des syndicats représentants les généralistes se joint à la semaine de grève de fin d’année. Mais tentons le pari : tout le monde devrait a priori soutenir le mouvement. Sur le terrain, les attentes et l’exaspération sont en effet trop fortes pour qu’un syndicat prenne le risque de se couper de sa base en faisant sa coquette. Il y aura donc une grande grève en fin d’année. Et on ne pourra pas dire que le gouvernement n’aura pas été prévenu : deux mois de préavis pour l’Unof, presque trois pour MG France qui avait pris date dès le début octobre, c’est plus qu’un délai de bienséance vis-à-vis des pouvoirs publics… Tout se passe comme si, malgré l’impatience de la base, malgré la fermeté de l’avenue de Ségur aussi, vos représentants voulaient encore donner du temps au temps.
Après tout, c’est leur rôle que de laisser encore une (petite) chance à la négociation. Au-delà, on sent aussi chez eux comme une appréhension à se laisser embarquer dans un mouvement brownien qu’ils ne contrôleraient plus… ou qui pourrait être détourné à son profit par telle ou telle organisation concurrente. On sait comment commence une grève, mais on ne sait jamais exactement comment elle finit… Dans cette affaire, les leaders de la profession font donc front commun, mais en se surveillant les uns les autres, non sans arrière-pensées : à près d’un an des élections aux URPS, ce n’est pas le moment de commettre un faux pas.
Pas sûr pourtant que la perche qu’ils tendent à Marisol Touraine soit saisie. C’est le paradoxe d’une ministre pourtant plutôt bien disposée à l’origine vis-à-vis de la médecine générale, qui lance aujourd’hui une réforme censée mettre en avant la médecine de proximité, mais sans lui donner ni garanties, ni moyens. Avec pour seule concession, cette longue et obscure négociation sur la rémunération du travail d’équipe, aboutissant à une usine à gaz… sans combustible. Les syndicats font la moue. Mais le gouvernement ne semble pas en mesure de faire un geste de plus en direction des généralistes. D’abord, il n’en a guère les moyens. Ensuite, il redoute la contagion à d’autres catégories et, enfin, il pense avoir le temps pour lui. On peut donc s’attendre à ce qu’il table sur l’essoufflement du mouvement. Ce n’est pas une semaine entre Noël et le Nouvel An qui suffiront à le faire flancher. Pour les généralistes, il va donc falloir montrer persévérance et abnégation, mais aussi plus que jamais unité. Et tant pis si la grippe venait s’en mêler ?
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature