LES PREMIERS TITULAIRES du diplôme d'enseignement supérieur (DES) de médecine générale sortiront dans les prochains jours des facultés de médecine. Une vingtaine de postes de chefs de clinique doivent entrer en fonction le 5 novembre. Mais bien des mesures restent à prendre pour que la médecine générale entre de plain-pied à l'université. «Notre discipline ne compte aucun enseignant titulaire pour assurer la formation de la moitié des internes quand les PU-PH sont 5200pour assurer l'enseignement des internes des autres spécialités», regrette Pierre-Louis Druais, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE). Depuis plusieurs semaines, les enseignants demandent la titularisation de 100 à 150 d'entre eux et l'augmentation des effectifs des professeurs associés afin de prendre en charge les stages des étudiants de 2e cycle. Le discours de Roselyne Bachelot, lu par l'un de ses conseillers, le Pr Yves Matillon, au congrès international de recherche en médecine générale de la Wonca, n'a pas pleinement satisfait les demandes des généralistes enseignants (lire encadré). La ministre de la Santé a annoncé que son objectif était «de mettre en place une filière universitaire complète». Elle a affirmé qu'un véritable statut serait élaboré pour les enseignants de médecine générale. A écouter le Dr Vincent Renard, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG), beaucoup de chemin reste à accomplir.
«Nous nous tournerons dès la semaine prochaine (c'est-à-dire cette semaine - NDLR) vers les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur pour demander la mise en place en urgence d'un statut pour les enseignants titulaires de médecine générale», affirme-t-il.
Avec les internes de médecine générale (ISNAR-IMG), les généralistes enseignants souhaitent également la création d'un statut pour les prochains chefs de clinique de médecine générale qui ne connaissent pas encore leur rémunération.
Revaloriser la discipline.
De la mise en place de la filière universitaire de médecine générale découlent de mutiples enjeux. «Les problèmes de démographie médicale ne se régleront pas par des mécanismes financiers et encore moins par des mécanismes de désincitation financière au moment où l'on cherche à recruter desfuturs médecins généralistes», souligne le Dr Renard, en allusion aux articles 32 et 33 du PLFSS contre lesquels les internes et les étudiants sont entrés en grève voilà près d'un mois (lire aussi page 3). Lors du choix de la spécialité d'internat en septembre, près de 500 postes de médecine générale sont une nouvelle fois restés vacants. «La carotte financière ne convaincra pas les futurs médecins de s'installer dans les zones sous médicalisées, renchérit le Dr Renard. Il faut revaloriser la discipline en mettant en place le stage de médecine générale dès le 2ecycle dans toutes les facultés afin que les jeunes connaissent la discipline avant de choisir leur spécialité. Nous ne sommes pas en mesure de réfléchir à la démographie médicale quand on est en déficit de formation de 500 à 1000 généralistes par an.»
Emmanuel Gallot, président de l'ISNAR-IMG demande la révision du cadre de formation : «Les internes en médecine générale doivent pouvoir faire un peu plus qu'un stage de sixmois dans un cabinet.» Il souhaite également que les futurs omnipraticiens puissent exercer leur métier en coordination avec d'autres professionnels de santé. «Quelle que soit l'issue des discussions sur le PLFSS, nous aurons un défi de santé énorme à relever, poursuit-il . Ne laissons pas passer plusieurs années où il sera alors difficile pour les patients d'être soignés et pour les médecins de travailler.»
L'absence de la ministre de la Santé vécue comme « un affront »
Les généralistes enseignants n'ont pas apprécié l'absence de la ministre de la Santé au congrès international de recherche de médecine générale de la Wonca qui se tenait du 17 au 20 octobre à Paris. «Un signe fort devait être donné par la ministre de la Santé à l'occasion de ce congrès qui réunit plus de 4200 médecins généralistes, indique le Dr Vincent Renard, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale . Sa non-venue est un affront à la discipline.» Roselyne Bachelot ne s'est pas rendue à l'inauguration du congrès comme elle s'y était engagée dans son agenda. Sa visite a été annulée à la dernière minute à cause de la présence au palais des Congrès d'internes en grève, «une centaine selon un témoin». Un «dérapage incontrôlé», selon le président de l'Isnar-Img. Un conseiller de la ministre est venu lire deux jours plus tard le discours que devait prononcer la ministre.
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