LES AFFAIRES sont sorties en même temps. Dans la communauté chirurgicale, elles ont fait l'effet d'une bombe. Deux histoires, deux cas d'école.
La première se passe à Chalon-sur-Saône, en Bourgogne, dans une clinique privée : un chirurgien, spécialisé dans les maladies cardio-vasculaires, est soupçonné d'avoir réclamé le versement, en dessous de table, d'une somme de 5 000 euros dans le cadre d'une opération ; le parquet le poursuit pour « tentative d'extorsion de fonds ».
La seconde a pour cadre Metz, en Lorraine, où un chirurgien cardio-vasculaire du centre hospitalier régional est poursuivi par une patiente qui l'accuse d'avoir tenté de lui extorquer 3 000 euros après une intervention.
Les enquêtes sont en cours et les praticiens se défendent. A Chalon-sur-Saône, le chirurgien assure opérer ses malades atteints de problèmes artériels systématiquement en tarif opposable sans complément d'honoraires. D'où viennent les 5 000 euros brandis par son patient ? Du choix personnel du malade d'une prothèse non prise en charge dans son cas par la clinique ni par la Sécurité sociale. Le Conseil national de la chirurgie (CDC) tout comme l'Union des chirurgiens de France (Ucdf) soutiennent le chirurgien bourguignon, le syndicat n'hésitant pas pour sa part à évoquer une «affaire montée de toutes pièces».
Localement, il se dit à mi-voix que l'affaire est « politique », on parle de « cabale »… Du côté de l'hôpital de Metz, le médecin incriminé s'est dit victime d'un « quiproquo », sa patiente n'ayant pas compris qu'il l'opérait dans le cadre de son secteur privé.
Les 3 000 euros « extorqués » correspondent, dit-il, au tarif Sécu (1 500 euros) auquel s'ajoute un surcoût – ses honoraires privés – de 1 500 euros. L'agence régionale de Lorraine indique que la plainte relative à cette affaire est en cours d'examen et précise qu'une enquête sur l'activité libérale à l'échelle du CHR de Metz va être lancée.
Rappel à l'ordre.
Sans s'exprimer sur les deux affaires en cours, le ministère de la Santé s'est fendu pour sa part d'un rappel à l'ordre général, appelant notamment l'Ordre et les caisses d'assurance-maladie à la «vigilance».
En ville, en clinique, comme à l'hôpital public, le «tact et mesure» sont la règle, fait valoir Philippe Bas. Sur le dossier particulier du secteur privé à l'hôpital, le ministre demande aux commissions d'activité libérale «de faire preuve de la plus grande vigilance dans l'exercice de leur contrôle» dans les établissements. Il annonce aussi qu' «une enquête générale a été lancée le 22 mars dernier pour procéder au bilan» de l'encadrement du secteur privé à l'hôpital.
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