EN 2005, IL Y A EU 4 280 décès à la Réunion, 396 de plus qu’en 2004, 258 de plus qu’en 2003. Cette surmortalité est-elle en rapport avec l’épidémie de chikungunya qui touche l’île depuis le printemps 2005 ? Le nombre de cas a dépassé 110 000, mais la grande majorité (près de 100 000) est intervenue depuis le début de l’année, avec environ 22 000 nouveaux cas par semaine. Sur cette période, 48 certificats de décès ont retenu le chikungunya comme cause associée et 4, comme cause principale. A la Réunion, le Dr Philippe Quenel, épidémiologiste de l’Institut de veille sanitaire (InVS), a précisé que 30 de ces 52 décès sont survenus à l’hôpital et 22 à domicile. La moitié des victimes étaient âgées de plus de 75 ans, 20 % avaient entre 30 et 64 ans et 4 décès sont survenus chez des personnes de moins de 20 ans.
Qu’en est-il des décès de 2005 ? Xavier Bertrand a demandé à Gilles Brücker, directeur général de l’InVS, d’analyser tous les certificats, dont aucun ne mentionne le chikungunya, afin de le savoir. «Les scientifiques nous disent que le chikungunya n’est pas mortel, moi je veux en être sûr», a expliqué le ministre au cours d’un point de presse. Il a demandé en outre un maximum d’informations sur les quatre décès imputés directement au virus.
Une enquête de séroprévalence a également été lancée. «J’ai donné le feu vert pour développer et faire des tests sanguins pour savoir quel pourcentage de la population est véritablement contaminée», a annoncé Xavier Bertrand. Les tests ont commencé dès vendredi, «avec l’accord des patients», notamment des femmes enceintes, et ce «sans aucune restriction de moyens».
Avec 15 % de la population touchée, le pic de l’épidémie est-il atteint ? Le nombre de malades passés aux urgences paraît se stabiliser – 700 lors de la 5e semaine de 2006 et 700 également lors de la 6e semaine – évoquant un «tassement», mais les autorités sanitaires estiment qu’il est trop tôt pour savoir si cette tendance va se confirmer.
«Personne ne pouvait prédire une telle explosion, affirme le ministre. C’est la première fois sur la planète qu’une telle épidémie de chikungunya est relevée.»«La Réunion a éradiqué le paludisme il y a vingt ans, précise-t-il. Depuis il n’y a pas eu de démoustication en permanence, contrairement à Mayotte, où sévit la dengue.»
Aujourd’hui, 2 440 opérateurs de démoustication sont en action sur place, ils seront 3 600 au 27 février. Saisie par Xavier Bertrand, l’OMS a envoyé hier une mission sur place.
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