La notion de fenêtre thérapeutique dans la Polyarthrite rhumatoïde (PR) est suggérée depuis longtemps sur des arguments indirects, issus notamment des études observationnelles, mais les preuves directes faisaient défaut.
Ceci a conduit à réaliser un travail rétrospectif (1) à partir des données colligées dans deux cohortes de PR débutantes : la cohorte française ESPOIR qui porte sur 533 patients et la cohorte néerlandaise de LEIDEN (Leiden Arthritis Clinic) qui inclut 738 patients.
Dans les deux cas, le début de la maladie était défini par l’apparition des premiers symptômes (douleur et/ou gonflement articulaire) rapportés par les patients. Ces derniers, majoritairement des femmes (66 % dans LEIDEN et 77 % dans ESPOIR) étaient âgés en moyenne de 56,7 ans. La moitié (54 et 50 % respectivement) avait des Anticorps antiprotéines citrullinées (ACPA) positifs.
Le critère d’évaluation, la rémission prolongée sans traitement de fond, était défini par l’absence d’arthrite clinique après arrêt du traitement pendant le suivi d’un an minimum (ce suivi allait jusqu’à 15 ans dans la cohorte de LEIDEN et 4 ans dans la cohorte française).
Les analyses ont été réalisées en se fondant sur les critères diagnostiques de PR de 1987 ou de 2010.
Une rémission prolongée a été rapportée chez 18 % des patients de la cohorte de LEIDEN et 5 % de ceux de la cohorte ESPOIR, la relation entre la durée d’évolution des symptômes et la rémission prolongée sans traitement de fond n’était pas linéaire. La probabilité d’obtention d’une rémission prolongée était diminuée lorsque les symptômes évoluaient depuis plus de 14 semaines (cohorte LEIDEN) ou 15 semaines (cohorte ESPOIR). En prenant en compte les seuls critères de 2010, ces seuils étaient respectivement de 14,7 semaines et de 13 semaines.
Cette étude avait pour objectif d’étudier la relation temporelle entre la durée des symptômes à l’instauration des traitements et le risque de persistance de la PR. Le critère de rémission sans traitement était très strict : absence de traitement de fond et de corticothérapie pendant tout le suivi avec une durée minimale d’au moins 1 an. Le recours a une modélisation par un modèle Cox complexe présentait l’avantage de ne nécessiter aucune hypothèse sous-jacente. La mise en évidence d’une relation non linéaire mais exponentielle entre la durée des symptômes et la persistance de la PR plaide fortement en faveur d’une fenêtre d’opportunité thérapeutique, période au cours de laquelle la maladie est plus sensible au traitement.
Cette étude élégante confirme pour la première fois sur la base de données solides que nous sommes plus efficaces au cours des trois premiers mois d’évolution de la PR.
(1) Van Nies JA et al. OP0035
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