Considérées comme alarmistes, les craintes sur le devenir des enfants obèses se confirment. Les données montrant que, dès l'enfance, on retrouve des facteurs de risque, voire d'authentiques syndromes métaboliques, s'accumulent.
Les conséquences à long terme des facteurs de risque chez l'enfant sont aussi aujourd'hui bien documentées. Ainsi une équipe finlandaise, en mesurant l'épaisseur de la paroi carotidienne chez des adultes jeunes, a montré ce marqueur de la maladie athéromateuse est directement lié à la présence, dans l'enfance, de plusieurs facteurs de risque. L'étude a porté sur 1 224 femmes et 1 005 hommes âgés de 24 à 39 ans. Il s'agit d'une cohorte pour laquelle une évaluation des facteurs de risque avait été réalisée au cours de l'adolescence, entre 12 et 18 ans. Une relation directe entre l'épaisseur intima-media de la carotide et le nombre de facteurs de risque (taux élevé de LDL cholestérol, HTA, indice de masse corporelle et tabagisme) a été mise en évidence dans les deux sexes. L'association est restée statistiquement significative après prise en compte les facteurs de risque existant au moment de l'exploration échographique, soit vingt et un ans en moyenne après l'évaluation initiale. Pour les auteurs, l'exposition à des facteurs de risque cardio-vasculaire, au cours de l'enfance ou de l'adolescence, semble provoquer des modifications des parois artérielles qui contribueraient au développement d'une athérosclérose.
La prévalence du syndrome métabolique a été mesurée dans cette même cohorte ; elle était globalement de 5,9 % : 7,8 % chez les hommes et 4,3 % chez les femmes. Là aussi, une relation directe entre syndrome métabolique et épaisseur de la paroi carotidienne a été mise en évidence. D'où l'importance d'un dépistage précoce de ce syndrome chez les jeunes adultes afin de réduire leur risque cardio-vasculaire.
Surpoids, dyslipidémie et syndrome métabolique.
Surpoids, dyslipidémie et syndrome métabolique
L'augmentation inquiétante de la fréquence de ce syndrome chez les adolescents, voire chez les enfants, est illustrée par une étude réalisée dans une région rurale des Etats-Unis où l'obésité fait des ravages. Elle a montré qu'un enfant sur huit présente au moins trois facteurs de risque de syndrome métabolique.
Ce travail a porté sur 3 203 enfants et adolescents âgés de 8 à 17 ans vivant dans une zone rurale de Caroline du Nord, caractérisée par un fort taux d'obésité et une grande mixité ethnique, parmi lesquels 42,9 % étaient de race noire. L'évaluation a porté sur l'indice de masse corporelle, la pression artérielle et les métabolismes lipidique et glucidique, c'est-à-dire sur les six paramètres définissant le syndrome métabolique : HTA, hypertriglycéridémie, taux bas de HDL cholestérol, intolérance au glucose, hyperinsulinémie et surcharge pondérale.
Un enfant sur quatre était en surpoids. Plus de la moitié (59,3 %) présentaient une anomalie constituant l'un des critères du syndrome métabolique, 27,4 % deux ou plus, 13,5 % trois ou plus. 8,3 % des plus jeunes, les 8-9 ans, avaient déjà au moins trois facteurs de risque. La péripuberté semble la période la plus exposée, la tranche d'âge des 10-13 ans est en effet apparue la plus touchée. Le risque est plus élevé chez les filles que chez les garçons (RR : 1,6). L'anomalie la plus fréquente dans cette population était un taux bas de HDL cholestérol (42,2 %). Une hypertriglycéridémie a été mise en évidence chez 8,6 % des enfants, 16,1 % présentaient une hyperinsulinémie et 7,7 % étaient hypertendus. L'intolérance au glucose ou prédiabète, défini dans ce travail par une glycémie à jeun supérieure à 1,10 g/l (la glycémie postprandiale n'a pas été dosée), est en revanche apparue moins fréquente, avec néanmoins une prévalence atteignant 4,7 %.
Comme le rappelle Joanne Harrell, il faut renforcer les mesures préventives spécifiques vis-à-vis des plus jeunes, notamment en améliorant leur équilibre nutritionnel et en encourageant une activité physique régulière. Des mesures, certes urgentes, dans des populations à risque comme celle-ci, mais aussi dans notre pays, où l'on observe une progression rapide du nombre d'enfants en surpoids.
D'après les communications de Noora Maki-Tokko et Benyu Jiang (Turku, Finlande) et de Joanne Harrell (Chapel Hill, Etats-Unis).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature