C ELA paraît un lieu commun de rappeler que les enfants en crèche font davantage d'infections digestives ou respiratoires que ceux qui sont gardés à la maison ou par une nourrice. De 1,5 à 3 fois plus pour être précis. Réduire le nombre de ces infections aurait plusieurs intérêts. Celui de l'enfant, en priorité, mais aussi celui d'induire moins de résistances bactériennes. Et, point non négligeable, réaliser une économie sur les dépenses nationales de santé.
Proposer une prévention simple, acceptable, sans effets adverses, grâce à du lait enrichi en lactobacille est l'objectif de médecins finlandais (Helsinki). Ils publient leurs résultats positifs dans le « British Medical Journal », en précisant d'emblée que, si de tels essais ont déjà été réalisés, aucun avec un suivi de 7 mois, sur la période hivernale.
Le travail a été mené par randomisation, en double aveugle contre placebo, sur 571 enfants en bonne santé, âgés de 1 à 6 ans ; 282 recevant le lait probiotique, enrichi en Lactobacillus rhamnosus GG, ATCC 53013, 289 du lait classique. La consommation moyenne quotidienne a été évaluée à 260 ml répartis en trois prises, et ce 5 jours par semaine.
Moins souvent absents de la crèche
Les résultats sont encourageants. Les enfants qui boivent le lait enrichi sont moins souvent absents de la crèche pour cause de maladie : 4,9 jours contre 5,8, différence : 16 %. Les auteurs se sont rendu compte de l'importance de l'âge dans les résultats et un ajustement a été réalisé selon ce critère. Le nombre de jours d'absence passe alors, respectivement à 5,1 et 5,7, différence : 11%. En ce qui concerne le nombre d'enfants atteints d'infections respiratoires compliquées et respiratoires basses, le lactobacille permet une réduction relative de 17 % (absolue : 8,6 %), avec le correctif lié à l'âge l'odds ratio est 0,75. Enfin, la réduction relative de la consommation d'antibiotiques pour ces infections est de 19 % (absolue : 9,6 %), l'odds ratio ajusté en fonction de l'âge est de 0,72.
Katja Hataka et coll. relèvent un bonne compliance à leur étude, expliquée probablement par une forte consommation de produits enrichis en lactobacille GG dans leur pays. Habitude alimentaire responsable d'une prise involontaire de ces lactobacilles chez des enfants du groupe contrôle. A la fin de l'étude, les auteurs ont relevé chez 15 % de ces jeunes témoins la présence de bactérie de type Lactobacille GG. Un biais qui peut avoir réduit les écarts finaux notés entre les deux groupes.
Dans un éditorial accompagnant l'étude, un médecin de Boston, Christine A. Wanke, rappelle que l'action préventive du lactobacille GG est mal connue sur les diarrhées ou les infections respiratoires. Les études suggèrent plutôt une prévention locale des diarrhée postantibiothérapie et du voyageur. Il faut donc avoir recours à une hypothèse autre pour comprendre le résultat des auteurs. Ces derniers la proposent. « La bactérie probiotique, qui apporte des bénéfices à l'hôte en améliorant l'équilibre microbien intestinal, peut affecter la réponse immune. Lactobacillus rhamnosus GG ...influe sur cette réponse, à la fois de façon spécifique, en stimulant la production d'anticorps, et de façon non spécifique en augmentant l'activité phagocytaire des leucocytes. »
« British Medical Journal » vol. 322, 2 juin 2001, pp. 1318-1319 et 1327-1329.
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