A la veille de la comparution du Dr Catherine Bonnet, pédopsychiatre, devant ses pairs, le 20 décembre, pour deux signalements d'enfants en danger, 250 de ses confrères demandent au Pr Hrni, président de l'Ordre, dans un courrier daté du 22 novembre, « d'arrêter toutes poursuites disciplinaires contre une centaine de médecins qui ont fait leur devoir ».
« Notre démarche consiste à nous placer du côté de l'enfant maltraitéet non des agresseurs, explique au "Quotidien" le Dr Jean-Louis Chabernaud, responsable du SMUR 92 pédiatrique (Antoine-Béclère, Clamart), qui est à l'origine, avec d'autres, de la mise en place du comité de soutien des médecins (poursuivis)* . On ne s'attache pas au détail des affaires. En revanche, il nous semble dérisoire de s'en prendre à la forme d'un certificat, alors qu'il en va de la protection d'un enfant en péril. » Et d'observer que seuls sont poursuivis des médecins procédant à de tels signalements dans le cadre de leur activité libérale.
« Quatre-vingt-dix pour cent des plaintes (devant l'Ordre) proviennent d'hommes pour la plupart membres d'associations de pères, tous en situation de divorce et (qui) tous présument être victimes de fausses allégations d'inceste », tient à faire savoir le Dr Catherine Bonnet. « Ils argumentent leurs plaintes sur le fait que les médecins n'auraient pas respecté le code de déontologie. » Par ailleurs, « ils prétendent que ces médecins auraient rédigé des certificats complaisants, tendancieux, voire faux et mensongers. Pour d'autres, ils se seraient immiscés au sein de la famille ou auraient manqué de devoir de prudence et de circonspection, ou auraient rédigé des dénonciations calomnieuses. Selon eux, les enfants racontent de fausses allégations soit parce qu'ils sont des menteurs, soit parce qu'ils sont manipulés par leurs mères ou des médecins ».
« En France, affirme le Dr Catherine Bonnet, de nouvelles stratégies de défense des auteurs présumés d'incesteont été élaborées, à la suite de la découverte, en 1996, du réseau de pédosexualité belge. Un système de retournement du coupable en victime est apparu ; les parents présumés incestueux tentent de faire croire qu'il y aurait 70 % de fausses allégations d'enfants dans les situations de divorce. Grâce au non-lieu, ils ont obtenu des condamnations disciplinaires de médecins. »
* Innocence en danger (66, av. des Champs-Elysées, 75008 Paris). Parmi les signataires, on compte, pour l'instant, 14 professeurs : Cl. Lejeune et M. Voyer (néonatalogie), M. Dehan, D. Devictor, P.-H. Jarreau et J.-C. Mercier (réanimation infantile), G. Cheron (urgences), B. Chevallier (pédiatrie), F. Cuzin (INSERM), Y. Darbois (gynécologie-obstétrique), Q. Debray (psychiatre), M. Lazdunski (CNRS), Ph. Mazet (psychiatrie de l'enfant) et G. Ponsot (neuropédiatrie).
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