Endurer pour durer

Publié le 25/01/2010
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2009, année de tempête économique, aura été en revanche une année prometteuse pour la santé dans plusieurs des grandes contrées.  

La Chine, par exemple, soucieuse de poursuivre sa croissance, a compris – enfin semble-t-il – les bienfaits de la santé pour ses masses laborieuses. Aux États-Unis, le président Obama, tenace va finir par révolutionner le système d’assurances sociales. La France n’est pas en reste et a fait voter une conséquente réforme du secteur sanitaire et social. Ses dirigeants, dont le président de la République qui a beaucoup écumé les terres hospitalières, réuni les dirigeants d’entreprises et d’institutions de recherche et bouleversé nos universités, y ont contribué. La santé a donc bien trôné dans les agendas politiques de l’année passée. N’en déplaise aux leaders médicaux qui l’ont qualifiée d’annus horribilis, 2009 aura vu surtout se jouer l’acte I de la pièce HPST, dont on attend l’acte II pour 2010. À la force du poignet, au forceps, diront les plus sceptiques, la ministre et son président sont ainsi parvenus à mettre en scène leur vision de la santé. La crise économique aidant, la puissance publique s’est montrée ferme, mais protectrice et généreuse à l’égard du secteur de soin, chargé de panser les plaies économiques et sociales.

Et l’alerte grippale survenue en cours d’année de mettre à l’épreuve le dynamisme de l’équipe de Ségur. Au départ, tous furent d’accord avec le plan ministériel calé sur les recommandations des experts français et internationaux, à l’exception d’un quarteron de mandarins en retraite qui soupçonnaient déjà la démesure précaution et la dépense. Mais nos gouvernants voulurent à tout prix ne pas nous faire courir de risques, de peur de subir le châtiment encouru par leurs prédécesseurs moins prévoyants et moins soucieux d’afficher leur volontarisme.

Mais en ce début de nouvelle année, à la veille des élections régionales, un vent mauvais souffle sur le pouvoir, raillé d’en avoir trop fait dans la gestion de cette pandémie. Trop de centralisation, de communication, de mesures de police, de dépenses publiques ! lui reprochent ses détracteurs. Le refus d’associer les médecins généralistes, pivots de notre organisation de santé, ne lui est pas non plus pardonné par des professionnels malmenés par les réformes de l’État.

Plus inquiétant, les avis des experts ont perdu force et crédit auprès de nos concitoyens.

Alors, puisque le pire n’est pas toujours gagnant, faut-il craindre la poigne de l’État quand il se veut coûte que coûte prévoyant ?

Si l’État doit garder la main, endurer pour durer, il lui est en tout cas de plus en plus difficile de conseiller avec persuasion, de prescrire avec bienveillance et de contrôler avec rigueur. Les nouveaux préfets de santé et autres serviteurs de l’État ont intérêt à méditer la leçon pour leur avenir.

Tous nos vœux pour la nouvelle année 2010.

Pascal Maurel

Source : Décision Santé: 261