Endurance : des douleurs par plicature d'artères

Publié le 10/02/2002
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Les athlètes pratiquant des sports d'endurance, en particulier les cyclistes, se plaignent fréquemment de douleurs aux jambes qui ne sont pas dues à la simple fatigue. Dans un certain nombre de cas, une réduction du flux sanguin dans l'artère iliaque semble en cause.

Jusqu'à présent, cette réduction était surtout attribuée à des lésions endovasculaires. Toutefois, de telles lésions sont rares chez les athlètes et l'hypothèse fonctionnelle est a priori plus vraisemblable. Lors d'interventions pour reconstruction ou pontage chez des athlètes, une interaction anatomique a d'ailleurs été remarquée, lors de la flexion de la hanche, entre le psoas et le ligament inguinal, d'une part, et l'artère iliaque, d'autre part.
Pour tester l'hypothèse fonctionnelle, les auteurs ont suivi 80 sportifs se plaignant depuis trois à quatre ans de douleurs évocatrices d'un problème circulatoire, à un membre inférieur (74) ou aux deux (6). Après épreuve de pédalage, l'existence d'une réduction du flux iliaque a été recherchée par mesure de la pression systolique au niveau de l'aine. La vitesse systolique a été mesurée par Doppler. Enfin, des plicatures ont été recherchées par Doppler et angiographie couplée à une IRM.
Sur un total de 92 membres, une diminution du flux iliaque a été mise en évidence dans 58 cas (63 %). Dans 40 cas, l'existence d'une plicature a également pu être montrée et la réduction du flux attribuée à cette plicature. Des interventions chirurgicales visant à repositionner l'artère ont été proposées et effectuées sur 23 sportifs.
Durant une période de suivi de six mois en moyenne (de 4 à 36 mois), tous les sportifs opérés se sont dits améliorés. L'effort maximal développé lors d'une épreuve de pédalage ainsi que la pression au niveau de l'aine étaient également significativement améliorés. Il n'a malheureusement pas été possible de contrôler la disparition de la plicature par angio-IRM, pour des raisons de logistique et de coût, précisent les auteurs. Cliniquement, toutefois, les résultats sont encourageants, puisque, après l'intervention, 20 athlètes ont pu récupérer le niveau qu'ils avaient avant l'apparition des douleurs.
Au total, l'étude indique que l'angiographie couplée à l'IRM, en position hanche fléchie, permet un bon diagnostic des plicatures de l'artère iliaque primitive.
En ce qui concerne l'approche chirurgicale proposée, il s'agit évidemment de suivre l'évolution des résultats à long terme et de préciser les indications, en particulier par rapport aux techniques de reconstruction vasculaires. On peut toutefois déjà noter que le repositionnement de l'artère ne lèse pas le vaisseau, ce qui limite le risque d'évolution défavorable, et que la technique s'adresse a priori aux cas simples, qui ne présentent pas de lésions endovasculaires significatives, et dont l'artère n'est pas d'une longueur excessive.

G. Schep et coll. « Lancet » 2002 ; 359 : 466-73.

Vincent BARGOIN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7063