L'infertilité des femmes atteintes d'endométriose est connue. La cause, elle, ne l'est pas. Il est connu aussi que leur micro-environnement péritonéal diffère. Le liquide péritonéal chez ces femmes interfère-t-il avec la captation de l'ovule par la trompe, la mobilité des spermatozoïdes, la fécondité ou bien encore est-il embryotoxique ? Ce liquide lorsqu'il pénètre dans la trompe, au contact de l'épithélium, agit-il sur le transport tubaire ?
C'est dans cette dernière direction que se sont orientés des chercheurs britanniques, démontrant que le liquide péritonéal pathologique altère la motricité ciliaire.
Plusieurs prélèvements chez diverses patientes ont été nécessaires. Ils ont tout d'abord recueilli du liquide péritonéal chez six femmes atteintes d'endométriose (âge moyen : 35 ans), puis chez six autres, non atteintes, au cours d'une coelioscopie pour stérilisation tubaire (âge moyen : 33 ans). Enfin, ils ont prélevé les trompes sur 17 utérus obtenus au cours d'hystérectomies pour fibrome (âge moyen : 41 ans).
Des études chronométrées ont été menées sur 10 fragments tubaires de 1 à 2 mm placés au contact de 200 μl des deux liquides péritonéaux. L'ensemble a été mis en étuve à 37 °C pendant 24 heures. Les battements ciliaires ont été mesurés à 30 min, puis à 2, 4, 8 et 24 heures.
A l'analyse, Rachel A. Lyons et coll. notent une différence dans les mouvements ciliaires entre les trompes baignant dans du fluide de femmes atteintes d'endométriose et les autres. Cette différence va croissant avec le temps, pour devenir significative au bout de 24 heures. Dans le liquide pathologique, les battements ciliaires sont ralentis, en moyenne à 4,29 Hz, contre 5,64 Hz chez les contrôles, la différence moyenne enregistrée est de 1,35 Hz. Cette différence persiste lorsque les auteurs tiennent compte de la période du cycle des femmes au moment du prélèvement. Globalement, les cils baignant dans du liquide pathologique battent 24 % moins vite que les autres.
A l'évidence, expriment les auteurs, le micro-environnement péritonéal modifié joue un rôle. L'inhibition du mouvement ciliaire, rappellent-ils, réduit la fertilité. Ce que connaissent les femmes porteuses d'une immobilité ciliaire. Un inhibiteur macromoléculaire de la capture de l'ovule a déjà été mis en évidence chez les femmes atteintes d'endométriose. Il forme une membrane au-dessus du tapis ciliaire, responsable d'une perte totale de l'aptitude à capter l'oeuf. Chez les patientes, un mécanisme similaire avec dépôt de matériel filamenteux pourrait inhiber l'activité ciliaire et par là même le transport tubaire. Reste à vérifier ces données in vivo.
« Lancet », vol. 360, 19 octobre 2002, pp. 1 221-1 222.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature