EN TROIS ANS, ce sont près de 50 000 patients qui ont participé à travers une trentaine de pays à la Journée européenne de la nutrition. Organisée le 31 janvier, l'édition 2008 s'est déroulée dans 24 pays européens, rassemblant quelque 20 000 malades. Ces chiffres marquent une étape dans la participation, en particulier en France où le nombre de patients volontaires a doublé tandis que triplait celui des établissements et des unités de soins concernés. L'état nutritionnel des patients a ainsi pu être sondé dans une plus grande variété de services : chirurgie générale, médecine interne, gastro-entérologie, hépatologie, gériatrie ou encore oncologie.
Un premier gage de succès pour les organisateurs de cette journée, lancée en Autriche par un groupe de chercheurs soutenus par l'European Society for Parenteral and Enteral Nutrition et pilotée en France par la Société francophone nutrition et métabolisme (SFNEP)*, dont le premier objectif est de sensibiliser tant les professionnels de santé que les patients et leurs proches à un problème de santé publique largement sous-estimé.
En 2008, plus d'un tiers des patients (38,6 %) ont affirmé avoir mal mangé durant la semaine précédant l'étude et moins d'un patient sur deux a terminé ses repas le jour de l'enquête ; 13 % n'avaient rien mangé au petit déjeuner et 10 % n'avaient ni déjeuné ni dîné. Près de 36 % des patients avaient perdu du poids au cours des trois derniers mois, 15 % d'entre eux ayant perdu plus de 5 kg.
Des outils d'évaluation pour les établissements.
Un focus réalisé en Allemagne et en Autriche sur 2 104 patients a mis en évidence que 198 malades étaient dénutris et 303 autres à risque de dénutrition, mais 60 % des patients dénutris n'étaient pas reconnus comme tels. Selon la SFNEP, «indépendamment de la qualité de la restauration, plus ou moins bonne, la cause de la malnutrition est surtout imputable à l'absence de diagnostic spécifique à l'entrée, à la faible mobilisation de l'hôpital sur la nutrition, à l'inadaptation des menus aux besoins de certains patients».
Il reste donc indispensable de provoquer «une véritable prise de conscience de l'importance de la nutrition à l'hôpital pour faire évoluer les cultures et mieux former le personnel sur les bonnes pratiques». Grâce aux trois premières éditions de cette journée, un référentiel a pu être établi, permettant à chaque pays et à chaque établissement d'évaluer sa politique nutritionnelle. Cet outil permet aussi d'apprécier les résultats médicaux et économiques produits par la mise en place d'une véritable politique nutritionnelle au sein d'un établissement, laquelle peut-être soutenue par un Comité de liaison alimentation nutrition (CLAN).
Préconisé par le rapport Guy-Grand sur l'alimentation en milieu hospitalier, ce comité a pour objectif, grâce à une composition transversale, de développer l'intérêt des médecins, des soignants et des services logistiques pour une prise en charge de la fonction nutrition. Le Laboratoire Baxter, partenaire de cette journée, met à disposition des établissements un kit de création de CLAN complété par des actions de formation au dépistage et à la prise en charge de la dénutrition.
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