LA BIENNALE de la danse permet de voir un maximum de spectacles en un temps record. En 24 heures, on a pu ainsi découvrir trois créations françaises. D’abord la nouvelle pièce de la chorégraphe algérienne Nacera Beleza, « le Temps scellé ». Avec sa sœur Dalila et Tarik Bouarrara, elle danse dans une quasi-pénombre dorée un solo qui s’achève en trio, réglé sur un mixage soft de chants traditionnels, de gospel et de percussions. L’intensité du mouvement augmente jusqu’au paroxysme. Beau et relaxant !
Un des spectacles les plus attendus de la manifestation lyonnaise, présenté dix jours à peine après sa création au Théâtre Bolchoï de Moscou, « Suivront cent ans de calme », d’Angelin Preljocaj, a déçu, deux ans après son extraordinaire « Blanche-Neige », dont le triomphe planétaire avait enclenché cette collaboration avec la grande scène russe dans le cadre de l’Année France-Russie. Vingt-et-un danseurs, 10 du Bolchoï et 11 du ballet Preljocaj, sont réunis pour un spectacle comportant quelques tableaux spectaculaires, comme le lavage purificateur des drapeaux des pays ayant participé aux guerres mondiales (la présence du drapeau russe ayant été censurée ainsi que la présence de nudité), une scène d’amour poursuite sur un mur, un duo amoureux entre deux hommes. Il y a aussi beaucoup de scènes typiques de la manière preljocajienne, superbement travaillées et réalisées mais dont on ne perçoit pas toujours le sens ni surtout la logique d’enchaînement. Le spectacle dure cent minutes, qui, sans paraître longues, manquent de progression dramatique.
La scénographie du cinéaste et plasticien indien Subdh Gupta est le seul élément qui donne une manière de cohésion à la pièce. Mais, déplacée de la scène moscovite au grand espace qu’est l’Amphithéâtre de la Cité internationale et que sera Chaillot* aussitôt après Lyon, et vue d’une distance trop lointaine, elle doit certainement perdre de son sens, de ses contours et de sa miroitance. Et l’élément négatif qui nous a déconnecté de la possibilité de poésie de cette chorégraphie est la musique électronique du fameux DJ Laurent Garnier, naviguant entre ambiances anxiogènes et percussion agressives.
Sports et divertissement.
Bien que divertissement sans prétention de soixante-cinq minutes, « Boxe Boxe », la création de Mourad Merzouki et de la compagnie Käfig, que l’on pourra voir à Créteil**, puis à Paris**, frappe fort et fait mouche. Dans un inventif décor de Benjamin Lebreton, fait de ferronnerie, principalement des chaises d’inspiration art déco, et d’un ring exigu mais plein de ressources, évoluent 7 danseurs, dont Magali Duclos, qui, quoi que privée de morceau de bravoure, apporte une touche de grâce féminine dans ce monde de machos.
Ambiance rouge et noire de cirque à l’ancienne et, luxe suprême, la présence sur scène du Quatuor Debussy, engagé dans cette action chorégraphique pour jouer Ravel, Verdi, Glass, Gorecki, et des musiques moins orthodoxes… Cela fourmille d’idées, ce n’est pas du hip-hop pur et dur mais son vocabulaire acrobatique coulé dans un mouvement chorégraphique d’une grande fluidité. En prime, un solo ahurissant de virtuosité de Teddy Varardo, sur le mouvement pivot du Quatuor « la Jeune Fille et la Mort », de Schubert donne à cette pièce son statut de futur classique. Cela vaut bien un petit voyage dans le Val-de-Marne.
* Théâtre national de Chaillot (tél. 01.53.65.30.00 et www.theatre-chailllot.fr) jusqu’au 22 octobre. Places de 10 à 27,50 euros. Puis tournée à Aix-en-Provence du 17 au 24 novembre, Saint-Quentin-en-Yvelines du 9 au 11 décembre, Grenoble du 14 au 18 décembre, Caen du 21 au 23 décembre, Versailles du 27 au 30 décembre.
** Créteil, Maison des Arts, du 12 au 16 octobre, Paris-Chaillot du 29 octobre au 6 novembre.
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