Laponie

En traîneau dans l’espace argenté

Publié le 23/01/2009
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Quel dépaysement. Immensité des paysages tout blancs. Et notre équipage de chiens huskies qui file dans la neige comme s’il ne devait jamais s’arrêter. Un plaisir rare à déguster bien glacé en Laponie norvégienne, à seulement quatre heures de Paris !

Crédit photo : ©Gjengedal/Innovation Norway

Crédit photo : ©Tybjerg/innovation Norway

Crédit photo : ©Tybjerg/Innovation Norway

Les chiens nous ont vu venir ! Vifs, bondissants, ils sont une soixantaine maintenant à aboyer, à tirer sur leur chaîne à qui mieux mieux ! Quel vacarme dans ce lieu de silence glacé où les étendues enneigées s’étendent à perte de vue, balayées par un vent froid qui transforme la température ambiante de -3° ou -5 ° en -15°. Supportable car c’est un froid sec. Ces chiens de traîneau sont de la race Alaska Husky. De belles bêtes au poil noir ou blanc ou mêlé. Ils ont compris que peut-être ils allaient sortir de l’enclos et dévaler avec nous la campagne enneigée environnante et les fjords gelés.

Un look de Bibendum

Nous sommes au-delà du cercle polaire, à Alta, petite ville du Nord de la Norvège. C’est ici, un peu en-dehors de la petite ville, qu’Eirik et Carolyne ont installés le Holmen Dog Center, leur centre de ballade en traîneau à chiens. Chaque jour de décembre à avril, ils organisent ainsi de belles équipées.

Nous sommes en avance et notre équipage de chiens n’est pas prêt. Carolyne, sans élever le ton, fait son choix dans le chenil. Seuls six d’entre eux auront la chance de tirer notre traîneau. Ensuite, il faut choisir le chien leader qui entraînera les autres, puis attacher notre équipage par paires. Eirik donne des chaussettes supplémentaires, des bottes en caoutchouc et des bonnets en fourrure qui cachent les oreilles. Look un peu bibendum mais on est bien au chaud.

Carolyne a terminé les préparatifs. Deux traîneaux sont prêts : le sien, qui ouvrira la route, et le nôtre où, alternativement, nous serons conducteur puis passager. Les chiens maintenant sont énervés. Il faut partir. Mais pas avant qu’elle ne nous ait expliqué comment conduire cet équipage et surtout freiner légèrement en appuyant sur un plateau cranté arrimé entre les deux skis ou bloquer le traîneau si nécessaire avec une sorte de herse à deux crocs. Et rappelé la règle d’or : un traîneau ne doit jamais être laissé sans contrôle car dans la seconde les chiens partent seuls. Et les rattraper n’est pas forcément une partie de plaisir !

Surpris par un élan

En route pour un beau circuit d’une quinzaine de kilomètres à travers l’étendue glacée Au début, on garde, bien sûr, le pied sur le frein. Téméraire, mais pas trop. Puis on laisse filer les chiens qui ne demandent que ça. C’est tout simple. Et grisant. Non pas que l’on atteigne des vitesses folles, mais on ressent véritablement un sentiment de liberté absolue.

On file à travers des bouquets de boulots blancs droit comme des i, puis le long de la rivière Alta, avant de dévaler des pentes piquetées de petits sapins tout vert, seule tâche de couleur dans ce paysage immaculé. Les petits dos d’âne sont évidement plus appréciés par le conducteur que par le passager qui, décollé de son siège, retombe plus ou moins durement selon la vitesse acquise. Vitesse qu’il faut sans cesse négocier avec les chiens qui aimeraient bien aller un peu plus vite !

Au détour de la piste, une rencontre sympathique avec un couple d’élans manifestement dérangés dans une sieste bien fraîche mais pas plus intimidés que ça. Un peu plus loin, un autre (gros) élan nous coupera presque la route. Emotions ! Sur les fjords gelés, l’espace est plus vaste que dans la forêt. C’est l’endroit idéal pour piquer une pointe de vitesse, au grand plaisir du conducteur, du passager et des chiens.

Une heure plus tard, retour au camp. La nuit commence déjà à tomber. Dans un lavvo, une hutte traditionnelle, à côté du chenil, Eirik nous accueille avec un café bouillant et des biscuits secs et raconte sans se faire prier des anecdotes sur ses chiens mais aussi l’histoire de cette région et des premiers habitants de cette terre glacée, les samis (que l’on appelait auparavant les Lapons) qui vivent encore aujourd’hui éparpillés au-delà du cercle polaire en Norvège, pour la moitié d’entre eux, et dans les deux pays voisins, la Suède et le Finlande.

En pratique

Plusieurs vols quotidiens Alta via Oslo avec SAS, tél : 08.25.32.53.35 ou www.scandinavian.net

La Norvège n’adhère pas à l’Union européenne. La Krone vaut environ 1,35 euros.

La Norvège est un pays cher pour les Français et, pour un séjour court, il vaut mieux partir avec un voyagiste qui vous proposera des forfaits abordables avec, le plus souvent, des hébergements dans les hôtels de la chaîne Rica qui sont de très bon confort.

Office de tourisme 22 rue de Marignan . Tel : 01.53.23.00.50 ou www.invanor.no

Emmanuel Gabey

Source : Le Généraliste: 2474