« La Bohème », de Puccini, au Festival de Glyndebourne

En toute simplicité

Publié le 29/06/2003

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Classique

Partant de ce qui souvent est une fausse bonne idée, la transposition de l'action un siècle plus tard, il convainc sans peine car David McVicar, dont on n'attendait pas moins après sa formidable « Carmen » de l'an passé, n'a pas cherché à mettre en scène autre chose que la simplicité des sentiments exprimés dans un des opéras les plus populaires au monde. Les émois des premières amours et le désarroi devant la mort sont des émotions universelles et la bande de jeunes stressés dans une fin de vingtième siècle un peu délurée que propose McVicar vaut bien en cela le quatuor un peu caricatural de « bohémiens » du Paris d'Henri Murger.
Pari aussi sur la simplicité de la distribution : seul le Mexicain Rolando Villazon est une valeur du chant international (il sera Alfredo de la « Traviata » d'Orange cet été) et de fait, il est en Rodolfo le meilleur avec une voix de volume moyen mais de superbes phrasés et beaucoup d'émotion, mais n'éclipse en rien ses compagnons de bohème, seul le Marcello de Nathan Gunn se distinguant par une plastique exceptionnelle et un jeu plus personnel. Mimi, Elisabeth Norberg-Schulz et Musette, Giuseppina Piunti, s'équilibrent aussi dans leurs qualités et leurs défauts.
Le London Philharmonic Orchestra et le chef britannique Mark Wigglesworth, tous deux « naïfs » devant cette uvre qu'ils n'ont jamais jouée auparavant, tissent un tissu sonore luxueux, dégraissé des mauvaises habitudes de la tradition, à cette « Bohème » qui n'aura jamais aussi bien démontré l'absolue nécessité, autant musicalement que dramatiquement, de n'en laisser voir que la simplicité des passions élémentaires.

Glyndebourne Festival Opera (00.44.1273.813813) jusqu'au 1er juillet. Prochains spectacles : « Tristan et Isolde », de Wagner, jusqu'au 4 juillet, « Idomeneo », de Mozart, jusqu'au 26 juillet, « Les Noces de Figaro », de Mozart, du 6 juillet au 24 août, « La Chauve-souris », de Johann Strauss II, du 27 juillet au 30 août, « Theodora », de Haendel, du 10 au 31 août. Site Internet : www.glyndebourne.com.

O. B.