Dans un décor simple et harmonieux d'Amélie Tribout qui dessine, en alignements de grandes vasques et terre et treille légère, le jardin d'Hermocrate, Jean-Paul Tribout dirige avec souplesse les comédiens qu'il a réunis et fait toute confiance à cette comédie délicieuse qu'est « le Triomphe de l'amour » qui nous montre comment, sous les habits d'un homme et le nom de Phocion, une belle veut rendre le royaume dont elle est l'héritière à un jeune homme dont la famille, autrefois, fut dépossédée.
Agis demeure chez le philosophe Hermocrate (l'excellent et fin Bernard Lavalette), sage qui s'est retiré du monde, loin de ses tentations matérielles et affectives, en seule compagnie de sa sœur Léontine (merveilleuse et touchante Marie-Claude Mestral), servi seulement par un Arlequin astucieux (Jean-François Prévand, qui s'amuse) et d'un jardinier observateur, Dimas (le très drôle Pierre Trapet).
Phocion (Marie Piton, tout en subtilité et énergie), escortée de sa suivante, elle aussi travestie (Léa Gabrièle, fraîche et juste), va bouleverser l'ordre et le calme qui règnent dans le domaine, semer la passion, feindre, exercer son pouvoir de séduction dans le mensonge assumé et une cruauté certaine. Elle introduit ce qui était interdit : l'amour. Elle-même y sera prise comme l'est Agis (seule faiblesse de distribution, Benjamin Penamaria manque de présence, de densité, de puissance, il est trop pâle ou trop peu expérimenté pour ce rôle).
Tribout sous-titre sa mise en scène « la règle du je », manière de souligner l'intraitable égoïsme des personnages et d'instiller l'idée d'une comédie à la Renoir, voire à la Lubitsch. Mais on reste profondément dans l'esprit du XVIIIe et c'est heureux, du côté de cette féminité forte et manipulatrice qui annonce, Tribout y pense, Laclos.
Théâtre 13, à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 15 heures. Durée : 1 h 50 sans entracte (01.45.88.62.22). Jusqu'au 4 novembre.
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