En silence

Publié le 28/02/2014
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La révolution ne se réduit pas à l'évènement, au spectaculaire, à l’immédiat. Elle se produit aussi à bas bruit, loin du tumulte. Ou devient visible, à la manière d’un puzzle, une fois toutes les pièces assemblées. À l’hôpital, la lumière se projette sur les réussites technologiques. Mais la première mondiale du cœur artificiel ne doit pas occulter ces microdécisions qui dessinent parfois une autre manière de prendre en charge. En témoigne cette nouvelle technique de récupération rapide après chirurgie qui réduit de manière significative la durée de séjour (Cf. p.12). Elle implique aussi un autre rapport avec le malade qui n’est plus seulement un patient qui souffre, mais un acteur impliqué de sa propre santé. Faut-il à cet égard parler d’un patient 2.0 qui s’émancipe définitivement du pouvoir médical ? Il participe à l’émergence de nouveaux symptômes, enseigne dans les facultés de médecine, voire intervient dans les services à titre bénévole (Cf. p 16).

Cette révolution autour du patient ne concerne plus seulement la clinique, mais aussi les plateaux techniques. Outre les traitements, le diagnostic devient personnalisé. Faut-il parler, faute de mariage, de pacs entre l’imagerie et la biologie ? C’est l’innovation, le progrès qui conduit à la mise en commun des moyens, même si une logique économique ne doit pas être niée. Dans cette perspective, les mandarins sont bien une espèce en voie de disparition au profit d’un collectif guidé par l’intérêt du patient. Et leurs équipes, bousculées par les réformes permanentes, l’obligation de la performance, l’allongement des carrières sont fatiguées… Le management (Cf. p 14) s’inspire des techniques de motivation expérimentées dans le privé. L’hôpital sans attendre des injonctions présidentielles depuis plusieurs années est géré comme une entreprise, tout en assurant des missions de service public. Au quotidien, cette double contrainte provoque des tensions. Toutefois, comme une administration, il génère un flux de données pas encore exploitées. Ces big data (Cf. p. 13) sont une mine à ciel ouvert où l’exploration n’a toujours pas commencé.

Bref, concentré de haute technologie, l’hôpital est conduit dans le même temps à changer de dimension, à réduire la voilure, à rentrer dans le rang. En silence ?


Source : Décision Santé: 295