SELON LA DIRECTION des Hospices civils de Lyon, un quart des praticiens hospitaliers (PH) était en grève jeudi dernier. Le CHU de Grenoble en annonçait moins d’un tiers. Pour Nicole Smolski, secrétaire adjointe du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (Snphar), la situation n’en reste pas moins pénible. «La grève est rarement utilisée par les médecins hospitaliers, et quand c’est le cas, il s’agit toujours d’un échec de la démocratie», affirme ce médecin, anesthésiste à l’hôpital de La Croix-Rousse (Lyon).
Pour les chefs de file du mouvement, le projet de réforme du statut de PH s’apparente à la cerise sur le gâteau des diffi- cultés de l’hôpital public. «Les commissions médicales d’établissement (CME) ne sont désormais plus que des chambres d’enregistrement, dénonce le Dr Smolski. On voit ainsi émerger des potentats médico-administratifs locaux, dégagés de toute préoccupation de soins; il en découle une démobilisation des praticiens hospitaliers», poursuit-elle. La principale crainte exprimée reste que la réforme du statut leur enlève, de surcroît, toute indépendance, puis les transforme en «simple prestataire» de service. «Une sorte de médecin-Kleenex dont on pourrait se débarrasser s’il ne remplit pas les objectifs écono- miques fixés», résume Claire Gekière, psychiatre au centre psychothérapique de Vion (Isère) et secrétaire de l’Union syndicale de la psychiatrie, adhérente de la CPH. Tous s’accordent à dire qu’aucune des réformes engagées, notamment au travers de la nouvelle gouvernance, ne semblerait aller vers une amélioration de l’attractivité des carrières à l’hôpital, ni d’ailleurs vers un meilleur usage des fonds publics. «Nous avons tous des idées pour lutter contre la gabegie, remarque le Dr Smolski, le problème est que personne n’ose mettre le nez dans les endroits qui dysfonctionnent.»
Au-delà de ce mouvement de grève des PH, les syndicats expriment toutes leurs inquiétudes sur l’avenir même des hôpitaux en Rhône-Alpes. «Il existe une floraison de collectifs, nés pour sauvegarder le service publique», souligne le Dr Gekière. Il en va ainsi de la naissance du Comité citoyen pour la reconquête et le développement d’un grand service public de santé dans le Nord-Isère qui s’oppose à la recomposition totale de l’offre de soins autour du projet Médipôle. Les syndicats en présence mettent surtout l’accent sur «l’absence de concertation» qui présiderait, selon eux, aux nouvelles réformes. Selon le Dr Alain Brocca, anesthésiste au CHU de Grenoble et syndiqué au Snphar, le conseil supérieur des hôpitaux n’aurait plus été sollicité sur les nouveaux textes depuis trois ans... Dans l’idée d’arriver à «renouer le dialogue», mais sans grande conviction, une délégation de représentants syndicaux est allée à la rencontre des responsables de l’ARH Rhône-Alpes, le 11 mai.
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