SOUS LA HOULETTE de la Mission régionale de santé (MRS), une action de sensibilisation à la maîtrise médicalisée des prescriptions hospitalières est lancée en Rhône-Alpes. C’est la première fois en France que les praticiens hospitaliers sont directement interpellés sur l’impact de leurs prescriptions.
Cette action ambitieuse s’inscrit comme «une priorité» dans le programme de travail de la MRS (1), dont l’ambition affichée est de renforcer la responsabilité de tous les acteurs du système de santé, sans distinction. «En 2005, nous avons mené toute une série d’actions de maîtrise médicalisée avec les libéraux, ayant permis de dégager 70millions d’euros d’économie, rappelle le directeur de l’Urcam, Georges Dorme. Aujourd’hui, nous lançons le même type d’opération dans les établissements hospitaliers, explique-t-il, pour des raisons de cohérence et d’équité.» Et surtout pour des raisons stratégiques, car, en Rhône-Alpes, 21 % des prescriptions médicamenteuses, 18,6 % des arrêts de travail et 70 % des prescriptions de transport proviennent des praticiens hospitaliers. Or les pratiques de l’hôpital déteignent très fortement sur les pratiques de ville puisque l’hôpital reste un lieu de formation privilégié et de lancement de nombreux traitements.
Ce projet de « sensibilisation » cible donc 37 établissements de Rhône-Alpes qui, à eux seuls, représentent entre 70 et 80 % des prescriptions hospitalières.
Un plan d’action pédagogique a été établi sur l’année 2006, en concertation avec les directeurs d’établissement et les présidents de CME (commissions médicales d’établissement). Les promoteurs ont également sollicité les conférences régionales de présidents de CHU et celle des présidents de CME afin d’obtenir leur assentiment. «A la fin du mois d’avril, ce sont les caisses d’assurance-maladie et le service médical qui prendront le relais», ajoute Georges Dorme.
Intéressement.
Concrètement, des outils d’aide à la prescription seront mis à disposition sur les six thèmes conventionnels de maîtrise médicalisée de 2005 reconduits en 2006 : les affections de longue durée (ALD), les statines, les antibiotiques, les arrêts de travail, les anxiolytiques et hypnotiques et la prescription en dénomination commune internationale (DCI) ou de génériques. Pour ce dernier objectif, les hospitaliers de Rhône-Alpes pourront disposer d’un logiciel de prescription en DCI récemment mis au point au CHU de Grenoble et « qui essaime aujourd’hui dans d’autres établissements », indique Jacques Métais, directeur de l’ARH.
Le bilan de cette action sera effectué en 2007 ; il s’appuiera notamment sur la « traçabilité » des prescripteurs hospitaliers, rendue possible par l’introduction des ordonnanciers nominatifs dans tous les établissements, «à la brillante exception des Hospices civils de Lyon qui n’en disposeront qu’au mois de juin », observe Jacques Métais. En parallèle, la Mission régionale de santé a sollicité les fédérations hospitalières pour négocier un accord-cadre régional autour d’un ou de plusieurs objectifs de maîtrise médicalisée. L’adhésion à cet accord devrait être proposée au second semestre 2006 avec – c’est aussi une première historique – une possibilité d’intéressement financier en fonction des résultats obtenus.
(1) Créées par la loi du 13 août 2004, ces missions exercent les compétences confiées conjointement aux unions régionales des caisses d’assurance- maladie (Urcam) et aux agences régionales de l’hospitalisation (ARH).
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