PRÈS 150 MÉDECINS de toutes les régions avaient répondu présent à l'invitation de la Fédération des maisons médicales de garde (Fmmg), qui organisait ce week-end à Grenoble son premier congrès. Avec, au menu, l'échange et le partage des expériences vécues, tant dans l'élaboration d'un projet d'ouverture de MMG que dans son mode de fonctionnement. Le tout dans une ambiance décontractée et avec le sentiment général que, à défaut de disposer de financements dignes de ce nom, les médecins impliqués dans ces expériences de MMG avaient des idées, de la volonté, et pas mal de courage.
Car il en faut, sans aucun doute, pour s'investir autant dans des projets construits avec les moyens du bord, des financements provisoires et hétéroclites, et des locaux faits parfois de bric et de broc. Même si, de loin en loin, des projets ont pu s'installer de façon solide et durable, grâce à des Urcam (unions régionales des caisses d'assurance-maladie) ou des ARH (agences régionales de l'hospitalisation) qui ont su en saisir l'intérêt et aider à assurer leur financement.
Durant plus de trois heures, un certain nombre de médecins se sont succédé à la tribune pour présenter leur expérience de MMG : financement, local, personnel, horaires, mode de régulation, tout ou presque y a été passé en revue. Et le moins que l'on puisse dire est que ces MMG se caractérisent par des modes d'organisation extrêmement divers. Le seul point commun entre toutes est que, indéniablement, l'organisation de la permanence des soins en MMG a permis de faire revenir dans le giron de la garde beaucoup de médecins qui l'avaient désertée. De même, la grande majorité des MMG ont choisi, en contradiction avec les textes réglementaires, d'y assurer la permanence des soins jusqu'à minuit, et non jusqu'à 8 heures du matin. A ce sujet, Charles Descours, qui assistait à ce congrès, a promis qu'il tenterait d'obtenir une modification des textes en vigueur (textes dont il est par ailleurs l'inspirateur à la commission sur la permanence des soins qu'il préside), pour ramener la plage horaire légale de la permanence des soins à minuit. Mais pour le reste, c'est bien la diversité qui domine.
Assez de bricolage !
S'agissant du financement des MMG, point crucial s'il en est, l'incertitude règne en maître. Si la MMG de Marseille, par exemple, a pu obtenir un budget pérenne alloué par l'ARH, ce budget est insuffisant et a été complété par un financement du Faqsv (Fonds d'aide à la qualité des soins de ville), qui dispose d'un budget pour ce type de projets. Mais les budgets alloués par le Faqsv présentent l'inconvénient de n'être pas durables, et les MMG devront trouver d'autres modes de financement, dès cette année pour certaines et au plus tard en 2006. A Lyon, la municipalité participe au budget de la MMG à concurrence de 50 %, à charge pour ses responsables de trouver le reste. A Villefranche, c'est le Faqsv qui fournit 80 % du budget, la mairie prenant en charge les 20 % restants, ce qui oblige les responsables de la MMG à se décarcasser pour trouver un financeur-relais quand le Faqsv aura cessé ses bons offices.
Au Havre, le responsable de la MMG n'a pas eu le temps de détailler son financement, mais a eu ce cri du cœur : « On en a marre du bricolage. Quand aurons-nous droit à un financement pérenne ? », signe d'un certain énervement... A Istres, un financement privé a été mis en place pour six mois et un magasin d'articles orthopédiques a même accepté de mettre la main à la poche. Une subvention du Faqsv assurera les six mois suivants ; pour la suite, c'est le brouillard qui domine. A Narbonne, la MMG dispose d'une enveloppe de 500 000 euros, correspondant à trente mois de fonctionnement. Mais cette MMG a réussi à multiplier ses sources de financements (Faqsv, mairie, conseil régional). Malgré tout, la part du Faqsv dans son financement total frise les 70 %, avec les risques que cela suppose pour le long terme. Et ainsi de suite...
2006, date butoir.
Presque aucun des responsables de MMG n'est aujourd'hui en mesure d'affirmer que sa structure pourra continuer à fonctionner au-delà de l'horizon 2006. Prenant la parole sur ce sujet, Charles Descours a promis de peser de tout son poids pour que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2005 prévoie une ligne de financement spécifique pour les MMG. Une affaire à suivre.
Du côté des locaux, ce n'est guère mieux. Si le responsable de la maison médicale de garde de Gap, le Dr Bernard Méric, reconnaît que sa « MMG est luxueuse », c'est que la mairie a bien voulu rénover le local pour un montant de 140 000 euros et l'a mis à la disposition de l'association qui la gère aujourd'hui. Mais le plus souvent, c'est l'improvisation qui prévaut : telle MMG est installée dans l'infirmerie d'un collège, telle autre dans les locaux mêmes de la mairie, ou bien encore dans ceux d'une clinique. Rien de dramatique, mais cette situation illustre bien le « bricolage ambiant » dont les derniers responsables sont bien ceux qui se démènent pour que ça change.
Quant au personnel administratif nécessaire au bon fonctionnement des MMG, comme à toute structure de soins, il brille par sa rareté. Et nombreux ont été les responsables de MMG qui se sont plaints de cet état de fait : il paraît en effet difficile de conjuguer l'exercice libéral en cabinet, le montage de dossiers administratifs en vue de l'obtention de budgets, les contraintes de la permanence des soins, et le travail administratif que son exercice en MMG suppose.
Pour le Dr Simon Filippi, président de la fédération des MMG, « l'heure des expérimentations est finie, il faut pérenniser les financements, et le petit jeu de ping-pong entre l'Etat et les collectivités locales qui se renvoient la balle au sujet du financement des MMG doit cesser ».
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