Le don d'ovocytes est anonyme, bénévole et gratuit, rappelle le Dr Thérèse Greck. Ce caractère anonyme interdit tout don direct. Autrement dit, un couple receveur ne peut en aucun cas désigner une donneuse pour son projet parental. En outre, les donneuses doivent être âgées de moins de 35 ans, avoir au moins un enfant en bonne santé et, si elles vivent en couple, avoir l'accord de leur compagnon. L'accord de la donneuse ou des deux membres du couple donneur est recueilli par écrit. Des conditions qui, bien entendu, limitent le nombre de candidates. « Mais c'est surtout le manque d'information sur cette technique qui explique sa quasi-confidentialité dans notre pays, estiment les spécialistes du CHU de Montpellier. Toute publicité ou campagne d'information est prohibée. Seule solution pour susciter des "vocations" : s'appuyer sur les médecins et tout particulièrement sur les gynécologues. » Une simple affiche dans la salle d'attente peut motiver quelques candidatures.
Il faut bien connaître les indications du don d'ovocytes : l'insuffisance ovarienne - d'origine génétique ou consécutive à une ménopause précoce - avant 40 ans (idiopathique ou iatrogène) ; les échecs d'AMP intraconjugale par insuffisance ovarienne occulte et des indications génétiques (risque de transmission à l'enfant de maladies héréditaires).
Les conditions à remplir par la donneuse. Pour la donneuse, outre la limite d'âge de 35 ans, la nécessité d'avoir déjà un enfant en bonne santé : une enquête génétique précise recherche des antécédents familiaux de pathologies héréditaires graves et un caryotype est réalisé à titre systématique. Si l'on extrapole les résultats des dons de sperme, sur 1 000 donneurs, on obtient environ cinq caryotypes anormaux. « Le don sera récusé quel que soit le degré d'anomalie du caryotype et en cas de maladie héréditaire grave, explique le Dr Chalet. Le don sera accepté avec un facteur de risque pour des maladies multifactorielles (HTA, diabète...) retrouvées dans la famille de la donneuse. L'appariement tiendra compte de ce facteur de risque. »
Les candidates au don doivent également avoir deux sérologies négatives, réalisées à trois mois d'intervalle, pour le VIH, la syphilis, les hépatites virales B et C et les Htlv 1 et 2.
Il faut ensuite réaliser un appariement entre la donneuse et la receveuse ou, plus exactement, le couple receveur : appariement phénotypique (couleur de peau, de cheveux, d'yeux, corpulence), compatibilité sanguine ABO et Rhésus, mais aussi analyse des facteurs de risque cumulatifs et statut CMV. Si la donneuse a une sérologie CMV IgG positive témoignant d'un contact ancien, le don ne pourra être attribué qu'à un couple dont l'un des deux a eu un contact avec le virus.
Une technique simple mais contraignante.
La technique en elle-même est simple, mais non dénuée de contraintes pour la donneuse. En effet, celle-ci doit subir une stimulation ovarienne en vue du prélèvement ovocytaire suivant différents protocoles thérapeutiques entrant dans le cadre d'une fécondation in vitro. La stimulation est réalisée par des injections sous-cutanées de FSHr ou d'HMG pendant 10 à 12 jours. Une surveillance hormonale et échographique permet d'évaluer la qualité de la croissance et de la maturation folliculaire et du moment propice au déclenchement de l'ovulation. Celui-ci est obtenu par une injection intramusculaire ou sous-cutanée de gonadotrophines chorioniques.
Le prélèvement des ovocytes est réalisé par ponction transvaginale sous anesthésie générale courte, 36 heures après le déclenchement de l'ovulation. Selon le nombre d'ovocytes, un ou plusieurs couples vont pouvoir bénéficier d'un don. Suit une fécondation in vitro (conventionnelle ou avec micro-injection) et le transfert d'embryon à la receveuse.
Le taux de réussite reste relativement faible.
En 2004, une étude nationale réalisée dans 13 centres a recensé 116 cycles de stimulation, suivis de 100 ponctions d'ovocytes, les résultats sur 83 de ces ponctions ont montré 53 transferts d'embryons ayant abouti à 23 grossesses cliniques et à 18 naissances. A Montpellier en 2006, 6 donneuses ont été retenues, 8 transferts d'embryons ont pu être réalisés, 2 grossesses ont été obtenues, dont une GEU et une évolutive.
(1) D'après un entretien avec les Drs Thérèse Greck et Marcel Chalet, CHU, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier.
www.gedo.org.
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