TRES RECEPTIF à tous les virus circulants dès la perte de l'immunité maternelle, l'enfant est un réservoir majeur de virus. Quel que soit leur âge, tous les enfants sont atteints, les enfants d'âge scolaire étant particulièrement exposés. Le pic épidermique est plus précoce chez l'enfant, puisque cette épidémie frappe les enfants deux semaines plus tôt que le reste de la population. L'enfant devient ainsi source de diffusion et de contamination de l'infection grippale vers les membres de sa famille et les autres contacts de son entourage (crèches, écoles). Nettement supérieur à celui de la population adulte (1 enfant sur 3 est touché en période épidémique contre 1 adulte sur 10), le taux d'attaque de la grippe est élevé dans l'ensemble de la population infantile (jusqu'à 50 % des enfants âgés de 6 à 10 ans en période épidémique). Bon indicateur de la sévérité de l'infection virale, le taux d'hospitalisation (4 ou 5 jours en moyenne) atteint de 0,5 à 1 % chez les enfants de moins de
5 ans ; quand il existe des facteurs de risque, ce taux est beaucoup plus élevé.
Chez le nourrisson (0-1 an), l'infection est dans 45 % des cas asymptomatiques ou pauci-symptomatiques. La fièvre est absente ou peu élevée et la pharyngite y est plus fréquente. Néanmoins, dans les trois premiers mois, une température supérieure à 39 °C dans un contexte de sepsis peut être observée. Une broncho-pneumopathie dyspnéiforme expiratoire peut exister, difficile à distinguer de la bronchiolite à virus respiratoire syncitial.
Chez le petit enfant, somnolence dans la moitié des cas.
Les symptômes particuliers au petit enfant sont souvent non respiratoires : somnolence dans plus de 50 % des cas,
10 % seulement au-delà de 5 ans et troubles gastro-intestinaux dans 40 % des cas. Globalement, plus l'enfant est jeune, plus la symptomatologie risque d'être minime. Dans cette tranche d'âge, il faut garder à l'esprit la possibilité d'un diagnostic différentiel avec une infection bactérienne (gastro-entérite, méningite).
Chez le grand enfant (de 4 à 14 ans), la fièvre, à l'image de l'adulte, survient brutalement. Dans 30 à 40 % des cas, elle est supérieure à 39,5 °C, associée dans 75 % des cas à une rhinorrhée claire et à de la toux ; l'évolution thermique dessine le classique V grippal. D'autres symptômes complètent ce tableau d'installation brutale : frissons, courbature, toux sèche et catarrhe des voies aériennes supérieures, céphalées, myalgies, anorexie. Après une évolution bénigne, la guérison est obtenue en une semaine chez un enfant en bonne santé.
L'otite moyenne aiguë.
Parmi les complications, l'otite moyenne aiguë est décrite chez 5 à 12 % des enfants grippés non hospitalisés. Le virus de la grippe peut être à lui seul responsable de l'otite moyenne aiguë ; néanmoins, la surinfection bactérienne par le pneumocoque ou Haemophilus influenzae existe et justifie le recours à une antibiothérapie.
L'atteinte pulmonaire virale concerne environ 10 % des grands enfants et adolescents, de 5 à 10 % des petits enfants non hospitalisés et près de 50 % des petits enfants hospitalisés. L'infection respiratoire grippale peut être sévère, cette gravité étant corrélée à certains facteurs de risque (jeune âge, transplantation médullaire ou d'organe récente, forte immunosuppression).
D'autres complications peuvent également se rencontrer : fièvre élevée et mal tolérée chez le nourrisson et le jeune enfant, pouvant donner lieu à des convulsions ; encéphalite, syndrome de Guillain-Barré ou myosite aiguë bénigne, chez le grand enfant ; enfin, à tout âge, le syndrome de Reye, relativement rare, peut compliquer certaines maladies virales dont l'infection grippale.
Conférence de presse organisée par Roche Pharma à laquelle participaient : le Pr C. Olivier (hôpital Louis-Mourier, Colombes) et les Drs A. Mosnier et A. El Savy (Grog, Groupes régionaux d'observation de la grippe).
Le médecin traitant
Le médecin traitant doit confirmer le diagnostic, dépister les complications et prescrire le traitement qui repose essentiellement sur la lutte contre la fièvre :
conseils généraux : repos au lit, aération de la chambre, bains, hydratation ; paracétamol ; ibuprofène, qui peut être prescrit en complément ; pas d'aspirine, déconseillée au cours de la grippe.
En ce qui concerne les antiviraux, notamment les inhibiteurs de la neuraminidase, une suspension est utilisable dans le traitement de l'enfant à partir d'un an.
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