Dans la région de François Fillon, la dynamique des pôles et réseaux de santé n’est pas prête de s’essouffler. Un récent colloque a permis de s’en rendre compte. Huit structures pluridisciplinaires, souvent à cheval sur plusieurs communes, sont désormais à pied d’œuvre en Pays de la Loire, et pas moins de 60 sont en projet a annoncé l’ARS lors de cette 2e Journée organisée à Renazé par l’Association régionale des maisons et pôles de santé. Cette rencontre organisée avec l’URPS confirme que dans une région confrontée à des problèmes de démographie médicale dans deux de ses départements (densité de généralistes inférieure de 20 % à la moyenne en Mayenne et dans la Sarthe), ce nouveau mode d’exercice pluri-professionnel à de beaux jours devant lui.
Il y a peu, le conseil régional (PS) a d’ailleurs chargé du dossier le Dr Anne-Marie Prinet, une généraliste, longtemps installée en zone rurale dans le sud du Maine-et-Loire. L’élue avance plusieurs dizaines de structures accompagnées par la région. Et, à la différence de l’ARS qui met en avant des critères démographiques, le conseil régional PS conditionne son soutien à l’existence de tarifs opposables et à la dispense d’avance de frais.
Comme le souligne le Dr Pascal Gendry, cheville ouvrière du pôle de santé de Renazé, ce colloque aura aussi « été l’occasion d’échanger entre projets de différents niveaux : certains bien en place depuis plusieurs années, d’autres à l’état de réflexion, des pôles regroupant jusqu’à une cinquantaine de professionnels, et des structures plus légères bâties autour d’une dizaine de professionnels seulement.» Echanges nourris, souvent passionnés, entre acteurs de santé, desquels il découle que l’exercice pluriprofessionnel est attractif, tant pour la population que pour les médecins, jeunes ou moins jeunes. Mais aussi qu’il est chronophage. Et relativement coûteux : 15% de charges en plus, évalue un praticien de Loire-Atlantique, par rapport à son exercice antérieur.
Grandeur et servitude de la pluridisciplinarité, vis-à-vis de laquelle les nouveaux modes de rémunération constituent souvent un bol d’oxygène. Selon l’ARS, 230 professionnels de santé répartis sur 9 sites les expérimentent en Mayenne, Pays-de-Loire, Maine-et-Loire et Vendée depuis un an, pour l’essentiel en maisons ou pôles libéraux. A Mayenne, le Dr Luc Dusquesnel raconte comment, grâce à ces forfaits structure, son pôle a pu par exemple s’offrir les services d’une société de conseil pour le management et la gestion. Il était temps, car de l’aveu de cet élu de l’URPS, de réunion en réunion, la fatigue se faisait sentir chez les médecins. Plus au sud du département, à Renazé, Pascal Gendry explique que le module 1 de ces expérimentations, dédié aux actions de coordination a permis de financer l’acquisition de logiciels pour les médecins et aussi d’indemniser le temps passé en réunion avec les travailleurs sociaux. Il s’apprête aussi à embaucher dans ce cadre un coordonnateur pour sa maison de santé. A Clisson (Loire-Atlantique), la maison de santé mène de front une action de prévention du suicide et un programme d’éducation thérapeutique pour patients diabétiques. Le site cumule donc le module 1 qui rémunère la coordination des soins et le 2 qui vise les actions de santé publique. Même s’il juge, ce dernier un peu juste budgétairement, le Dr Gilles Barnabé estime que ces nouveaux crédits sont la condition sine qua non pour développer des programmes de prévention en maisons de santé. Reste que se pose la question de la pérennisation de ses fonds, même si le PLFSS 2012 accorde un délai supplémentaire.
Au-delà de l’échange entre médecins et paramédicaux, cette 2e Journée visait d’ailleurs à sensibiliser les pouvoirs publics. Une sorte de baptême du feu aussi pour l’association qui compte 200 adhérents et n’a pas un an d’existence. A l’issue des échanges, son président, Gilles Barnabé estimait, satisfait, que le message avait été entendu tant par les élus que par les décideurs de l’ARS.
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