Les résultats de Marseille pour ce premier tour de l’élection présidentielle sont conformes globalement aux résultats nationaux avec François Hollande en tête (28 %) devant Nicolas Sarkozy (26 %), Marine Le Pen (22 %), Jean-Luc Mélenchon (14 %), et François Bayrou (5). La percée du Front National se fait pourtant plus sensible dans le Vaucluse, le Var et les Alpes Maritimes.
« Le vote Le Pen dans le Vaucluse, c’est une catastrophe même si, ici on y est assez habitué », assure un généraliste de Apt, qui souhaite garder l’anonymat. « Hollande va gagner sauf catastrophe, poursuit-il. Il ne fait pas des propositions très intéressantes pour les généralistes mais cela ne peut pas être plus mal qu’avec Sarkozy. »
Cette position n’est pas partagée partout dans la région. « Hollande est en tête mais les dés sont loin d’être jetés, note le Dr Jean-Baptiste Gasc, médecin généraliste des quartiers sud de Marseille. Les gens ont de grosses angoisses qui les ont fait voter Le Pen ou Mélenchon mais ils vont réfléchir. La santé c’est un gros problème avec Hollande car il préconise un tiers payant généralisé et on sait que c’est inflationniste pour les dépenses de santé. Ça me fait peur. » Le Dr Gasc avoue que ses patients en ont un peu parlé dans son cabinet. « Certains me demandent même ce qu’ils doivent voter, c’est délicat », ajoute-t-il dans un sourire.
« Il manque une véritable organisation des soins »
Ce n’est pas le cas pour les autres généralistes interrogés. Le Dr Emmanuel Prou, basé dans le centre-ville de Marseille, n’a pas été interpellé sur le sujet. Pas plus que le Dr Deborah Ben Haim, jeune médecin fraîchement installée. « Certains soupiraient en lisant le magazine gratuit Métro. Et je comprends leur désarroi. Je ne sais pas encore pour qui je vais voter, j’ai encore deux semaines pour faire mon choix. » Pour l’heure, aucun des deux candidats en lice ne l’a convaincue : « Les projets de François Hollande relatifs aux modes de paiement des médecins ou à la liberté d’installation ne sont pas faits dans l’intérêt des médecins mais dans celui des patients et dans un sens, c’est normal. »
Le Dr Prou, pour sa part, ne se fait aucune illusion. « Je n’attends rien du second tour. Aucun des candidats n’a la volonté de se pencher vraiment sur les problèmes. L’exigence de la Sécu vis-à-vis des généralistes augmente. On se comporte avec nous comme si nous étions des salariés alors que nous prenons tous les risques. »
D’autres, pourtant, aimeraient entendre parler des moyens qui leur seront donnés pour permettre l’accès aux soins pour tous. « J’attends que les candidats se positionnent dans le domaine de la santé entre les deux tours, explique ainsi le Dr Martine Langlois, médecin généraliste à Nice. Il existe de nombreuses bonnes idées qui ne sont pas développées faute de moyens. Dans le domaine des équipes de premier recours ou dans celui de la prévention, par exemple. Sans aucun moyen pour avancer, cela devient un parcours du combattant. Il manque vraiment une organisation globale autour du patient. »
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