Accusés d’avoir torturé et commis des actes cruels sur leurs patients, deux chirurgiens italiens risquent la prison à perpétuité. C’est la peine requise par le procureur du parquet de Milan contre Pier Paolo Brega Massone, ancien médecin chef du département de chirurgie thoracique de la clinique milanaise Santa Rita et son bras droit, Fabio Presicci. Il s’agit d’une première en Italie, une mesure aussi sévère n’ayant jamais été réclamée dans le cadre d’un procès contre un médecin.
Selon les enquêteurs, les deux chirurgiens ont opéré inutilement et mutilé des patients en fin de vie pour frauder la sécurité sociale, chaque intervention leur rapportant environ 11 000 euros.
Nombreux abus
L’affaire a éclaté en 2008. Estimant que les factures présentées par les cliniques conventionnées étaient trop nombreuses et trop élevées, la sécurité sociale avait lâché ses limiers. « De nombreux abus ont été constatés mais la clinique Santa Rita a battu tous les records ! », a d’ailleurs déclaré le procureur en charge du dossier d’accusation.
Selon le parquet, cent cinquante patients ont été victimes de maltraitance médicale. En première instance, Pier Paolo Brega Massone a été condamné en 2010 à quinze ans et demi de prison et Fabio Presicci a écopé de huit ans et demi.
Film d’horreur
L’appel est en cours et le Pr Massone a été relaxé entre-temps pour vice de forme. Mais avec le deuxième volet ouvert pour meurtre, la carrière judiciaire du « professore » prend une nouvelle tournure.
Inculpé de quadruple meurtre, ce chirurgien à l’allure distingué et qui porte beau a été décrit comme un homme assoiffé d’argent et surtout dénué de tout scrupule. Le procureur a dévoilé le contenu des écoutes téléphoniques. Durant une conversation avec l’un de ses collaborateurs, le « professore » aurait déclaré : « M…e, ils ont refusé de me faire passer l’ablation d’un sein à une grand-mère de 90 ans ! ».
Les services de la sécurité sociale s’étaient opposés au remboursement d’une opération qualifiée d’inutile. Le procureur a aussi rapporté des détails dignes d’un film d’horreur sur des patients pesant à peine 40 kilos et pratiquement découpés en morceaux à des fins économiques. Il a cité le cas d’une femme en fin de vie et âgée de 65 ans inutilement amputée des deux poumons et morte deux jours après l’intervention dans des souffrances épouvantables.
Erreur de diagnostic
Brega Massone aurait effectué une opération chirurgicale identique sur une autre patiente atteinte affirmait-il, d’un cancer du poumon. Le résultat de l’autopsie ordonnée par le tribunal a conclu à une erreur de diagnostic. Un autre patient aurait été « liquidé » durant une opération à cœur ouvert. Encore une intervention inutile. « Le Pr Massone savait que les patients risquaient de mourir au bloc mais il n’y attachait aucune importance, ses patients représentant seulement une source de revenus », a tonné le procureur Grazia Pradella. Le verdict est attendu prochainement.
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