DANS UNE RÉGION hors norme (25 000 médecins libéraux) où cohabitent des praticiens aux pratiques variées, où de quasi-déserts médicaux (Seine-Saint-Denis) côtoient des secteurs pléthoriques (Paris), et les zones de grande précarité des quartiers bourgeois, la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français) Ile-de-France, qui vient de lancer sa campagne, s’est d’abord efforcée de constituer des listes «plurielles».
Chez les généralistes, les huit premiers médecins de la liste confédérale sont issus des huit départements franciliens. «Nous avons rassemblé tous les exercices de la médecine générale, réuni des professionnels impliqués dans l’action politique et sociale, investi dans la FMC, l’évaluation des pratiques, la permanence des soins ou les activités ordinales, des responsables d’associations, des MEP, des gens de l’Union nationale des professions libérales...», énumère le Dr Bernard Ortolan, tête de liste généraliste, pas peu fier de ce cocktail.
Même volonté de n’oublier personne sur la liste des spécialistes où la plupart des disciplines médicales et chirurgicales trouvent leur place dont une demi-douzaine de présidents de syndicats «verticaux» (de spécialité).
« Rats de laboratoire ».
La Csmf Ile-de-France va à la bataille avec un bilan et un projet où les préoccupations syndicales nationales se mêlent au contexte francilien.
«On n’échappera pas à la thématique de la convention,analyse le Dr Ortolan . Nous devons répéter que le bilan est favorable aux généralistes dont les honoraires totaux auront progressé de 30% en trois ans ( via l’évolution du C, les forfaits ALD et autres majorations ciblées). »
Mais, ajoute-t-il, «nous devons aussi valoriser le travail de l’union». Et de citer les travaux réalisés ou en cours sur la prise en charge des personnes âgées et de la dépendance, la visite à domicile, la question du transfert des tâches, les expérimentations du dossier médical ou encore les réseaux. «L’Urml a pris à bras-le-corps de nombreux sujets et a ouvert des parachutes, par exemple en évitant de construire un système normatif et bureaucratique pour l’EPP», précise le Dr José Clavero, généraliste à Paris, en deuxième position sur la liste Csmf.
Président sortant de l’Urml, et à nouveau tête de liste Csmf pour les spécialistes, le Dr Bernard Huynh, gynécologue, ouvre son carnet de campagne. «Le coeur de notre projet, c’est de rendre l’exercice des médecins franciliens plus serein, qu’il s’agisse de leur sécurité physique, de la visibilité financière des cabinets libéraux et surtout de la lutte contre les tentatives de maîtrise administrative des caisses en Ile-de-France.» Estimant que la région francilienne est en train de devenir «le terrain d’expérimentation préféré» des médecins-conseils, la Csmf Ile-de-France entend jouer un rôle d’ «alerte, de sentinelle». «Dans cette région clé pour la maîtrise des dépenses, les médecins libéraux ont l’impression d’être pris pour des rats de laboratoire, explique le Dr Huynh. Les caisses testent ici leurs nouveaux projets comme le système pervers “ infosoins ”(1) , elles appliquent plus volontiers certaines pénalités, bref nous subissons toutes les innovations et cette situation alimente un climat de tension permanente.» Le Dr Georges Siavellis, médecin généraliste à Noisy-le-Sec (93), en troisième position sur la liste « généralistes », enfonce le clou. «Nous n’accepterons jamais que le parcours de soins et la maîtrise soit dénaturés, donc on fait barrage.»
L’importance des charges financières dans la région conduit également la Csmf à relancer l’idée d’une consultation locale «majorée» à l’instar du C bonifié aux Antilles et en Guyane (22 euros) ou encore à la Réunion (24 euros). «Nous exerçons dans une zone de vie chère, argumente le Dr Ortolan. Pourquoi ne pas créer un C francilien?»
Convaincue de la justesse de ses combats, la Csmf Ile-de-France veut croire que les médecins lui accorderont leur confiance et une majorité dans les deux collèges. Fidèles à l’esprit de la Confédération que résume le Dr Clavero par ses mots : «Libéral et social.»
(1) Ce dispositif téléphonique permet à certains assurés franciliens de connaître les coordonnées de professionnels, mais aussi d’obtenir une information sur les tarifs moyens pratiqués.
Bug en Midi-Pyrénées : un médecin sur deux listes
Pas de chance. Alors que nul médecin ne peut figurer sur plusieurs listes, la commission d’organisation électorale (COE) a déniché une entorse à cette règle en Midi-Pyrénées où le Dr Christian Cazes (Toulouse) s’est retrouvé sur la liste confédérale (conduite par le Dr Michel Combier, président national de l’Unof-Csmf), mais aussi sur celle présentée par Espace Généraliste. Une anomalie qui a conduit la commission à «retoquer» les deux listes. Ce refus d’enregistrement a été contesté cette semaine par les deux syndicats concernés devant le tribunal d’instance où le juge doit statuer dans un délai de huit jours.
Le Dr Claude Bronner, président d’Espace Généraliste, invoque une «erreur un peu stupide», difficilement maîtrisable. Mais le Dr Michel Combier (Unof) s’interroge sur les ressorts de cette affaire. «Le DrCazes est membre de l’Unof et de la commission paritaire locale. Il a logiquement signé la liste Csmf. Ensuite, pensant la signer à nouveau suite à des modifications, il a été induit en erreur en paraphant précipitamment la liste Espace Généraliste montée à la hâte. Je constate que la date et le lieu de naissance sont corrects sur notre liste et faux sur celle des autres ! La justice tranchera.»
Erreur ou malveillance ? Principal intéressé, et fort embarrassé, le Dr Cazes a son idée. «Je suis à la Csmf, je n’ai jamais cotisé à Espace Généraliste. J’ai été piégé. Les explications viendront plus tard.»
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