Avec 7,7 cas pour 100 00 habitants, la France comme la plupart des pays d’Europe de l’Ouest, est considéré comme un pays de faible incidence. Depuis plusieurs décennies, le nombre de nouveaux cas est en constante diminution. En 2011, 4 991 cas de tuberculose maladie ont été déclarés soit un taux de 7,7 pour 100 000 habitants (5 187 pour un taux de 8 cas pour 100 000 en 2010). Comme dans les autres pays européens, l’incidence est plus élevée dans les grandes villes. L’Ile-de-France reste ainsi la région française la plus touchée.
L’analyse de l’évolution des cas entre 2000 et 2010 montre qu’en dépit d’un taux supérieur à celui de la moyenne nationale, « l’incidence de la tuberculose est globalement en diminution dans la région, hormis dans le département de la Seine-Saint-Denis », soulignent le Dr Stéphanie Vandentorren et col. les auteurs.
Pendant la période de l’étude, le nombre de cas a baissé de 40 %. Toutefois de fortes disparités sont observées au sein de la région. À paris qui affichait, avec 49,8 cas pour 100 000 habitants, le taux le plus élevé en 2010, la baisse a été importante jusqu’en 2006 pour se stabiliser puis ensuite diminuer plus lentement jusqu’à 21,9 cas pour 100 000 en 2010 (soit 491 cas). Cette baisse de plus de 50 % est « supérieure à celle observée dans les autres départements », relèvent les auteurs. En revanche, les analyses du CLAT (Centre de lutte anti-tuberculeuse) montrent une plus grande concentration des cas dans l’Est et le Nord de Paris. Selon le Dr Vandentorren et col., la diminution serait due à une moindre transmission du fait des programmes de lutte contre la tuberculose mais aussi à des flux migratoires moindres (moins d’immigration et/ou davantage de mobilité des populations migrantes).
Un marqueur des inégalités sociales
La Seine-Saint-Denis est désormais, et depuis 2005, le département où le taux d’incidence est le plus élevé du territoire national (départements d’outre-mer compris). Après une diminution jusqu’en 2002, le taux est resté stable pour stagner à un niveau élevé : 31,3 cas pour 100 000 (contre 35,7 cas pour 100 000 en 2000). Les données de 2011 et 2012 (415 et 413 cas contre 477 en 2010) montrent une légère tendance à la baisse. C’est « le département d’Ile-de-France où le revenu moyen des ménages reste inférieur à la moyenne nationale » et qui présente « la plus grande proportion de cas notifiés d’origine étrangère », précisent les auteurs. On sait que la tuberculose est un marqueur des inégalités sociales (revenu, logement).
À Paris comme en Seine-Saint-Denis, les cas nés hors de France représentaient 2/3 des cas de tuberculose contre 52 % au niveau national en 2010. Il s’agissait le plus souvent de personnes originaires d’un pays d’Afrique subsaharienne qui ont été infectées dans leur pays d’origine. Les auteurs notent une progression des cas des personnes nées dans un autre pays européen, souvent l’Europe de l’Est.
Le BEH souligne que les personnes vivant dans des conditions socio-économiques difficiles consultent souvent tardivement ce qui favorise la transmission de la tuberculose. « La réduction du délai entre la date du début des signes et le diagnostic reste un enjeu majeur de la lutte antituberculeuse », insistent les auteurs. C’est un des objectifs du plan régional de lutte contre la tuberculose (enquêtes autour des cas et dépistage ciblé) tout comme l’est la vaccination des enfants nés depuis 2007, année où l’obligation vaccinale a été levée et qui reste fortement recommandée en Ile-de-France. « Les départements de Seine-Saint-Denis et de Paris se caractérisent par des taux de couverture vaccinale plus élevés que les autres départements franciliens », précise au « Quotidien » le Dr Vandentorren médecin épidémiologiste qui dirige le centre de veille sanitaire en Ile-de-France.
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