En France, des mesures de réduction des risques

Publié le 24/06/2008

Article réservé aux abonnés

1276175762F_Img332399.jpg

PARMI LES 150 000 À 180 000 usagers de drogues dépendants, un sur deux a recours à l'injection par voie intraveineuse et trois sur cinq de ces derniers sont contaminés par le VHC, rapporte « Coquelicot », la dernière enquête 2008 de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Pour Roselyne Bachelot, qui s'est rendue dans l'un des 120 centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogues (CAARUD), rue Beaurepaire, à Paris (voir encadré), il faut faire plus et mieux en matière de prévention du VHC. Elle convie les personnels médico-sociaux des CAARUD et des centres de soins, d'accueil et de prévention en addictologie (CSAPA), en voie de constitution*, à relever le défi de l'éducation aux risques liés à l'injection. Éducation qui pourra être réalisée selon différentes modalités, entretiens individuels ou en groupe, apprentissage par vidéo ou simulation d'injections ; un comité de pilotage, nommé par la DGS, évaluera ces expérimentations et accompagnera éventuellement leur mise en oeuvre. Mais la seringue n'est pas l'unique ustensile de partage propageant la contamination, rappelle en substance le ministère de la Santé, en évoquant notamment les petites cuillères.

La méthadone en médecine de ville.

Parallèlement, il importe de rendre encore plus performante la politique de substitution, qui profite à quelque 100 000 toxicomanes lourds, dont 85 000 sont sous Subutex (buprénorphine haut dosage) et 16 000 sous méthadone.

L'étude Méthaville va prochainement démarrer afin de dégager les modalités de prescription de la substance morphinique de synthèse en médecine de ville.

Roselyne Bachelot met l'accent également sur une sécurisation accrue de la substitution. Il s'agit, pour éviter les détournements de méthadone et surtout de Subutex, qui alimentent le marché noir, de rendre toujours plus efficace le système d'alerte existant en lien avec l'assurance-maladie et les pharmacies d'officine.

Quant aux victimes du VHC, leur prise en charge doit être rendue plus facile et systématique, pour éviter l'évolution vers la cirrhose ou le cancer du foie et limiter la transmission. Le ministère de la Santé va lancer l'évaluation du traitement de l'hépatite C par les généralistes.

Dans les jours qui viennent, la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie rendra public son plan triennal 2008-2011, qui devrait compléter les annonces faites par Roselyne Bachelot et renforcer le volet répression.

* Les 270 centres spécialisés de soins aux toxicomanes (CSST) et les 230 centres de cure ambulatoire en alcoologie (CCAA) ont jusqu'à la fin 2009 pour se constituer en CSAPA, éventuellement par voie de regroupements et constitution d'antennes (décrets des 14 mai 2007 et 24 janvier 2008, circulaire DGS du 28 février 2008).

Le CAARUD Beaurepaire

Créé en 1993, le CAARUD (centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogue) Beaurepaire, à Paris, a reçu 750 personnes en 2007, essentiellement des hommes, isolés, sans revenus et sans logement. Environ 16 % d'entre eux étaient porteurs du VHC. Les problèmes dermatologiques et les traumatismes liés au mode de vie et aux bagarres justifient leur venue au CAARUD, ainsi que l'addiction à l'alcool (problèmes gastro-hépatologiques) et les infections bronchiques. Le CAARUD apporte aussi une aide à la vie quotidienne (prestations d'hygiène) et un soutien citoyen (droits). Six personnes, dont un médecin à mi-temps, l'animent.

Beaurepaire est géré par l'association Charonne, dirigée par le Dr Catherine Péquart, psychiatre, qui s'occupe également d'un autre CAARUD, d'un CSST, de dix appartements thérapeutiques et d'un centre d'hébergement de stabilisation.

> PH. R.