QUI A GAGNÉ la bataille conventionnelle après l’accord signé vendredi entre deux syndicats médicaux, la Csmf et Alliance, et l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) ?
Peut-être la Csmf, qui a obtenu que la revalorisation de 1 euro de la consultation du généraliste intervienne au 1er août alors que l’assurance-maladie, jusqu’à ces derniers jours, s’arc-boutait sur la date du 1er novembre, même si celle du 1er septembre était souvent citée. Peut-être un succès, en effet, pour la Csmf qui a convaincu l’Uncam, et le gouvernement, d’accepter que cette hausse ne soit pas liée directement au respect d’un plan d’économies : une victoire incontestable pour le président de la confédération, le Dr Michel Chassang, qui a également obtenu des compensations pour les spécialités dites perdantes du parcours de soins.
Mais aussi, sans doute, un succès pour l’Uncam et son directeur qui n’a absolument pas pris date, en 2007, pour une revalorisation de la consultation à 23 euros, comme le demandaient avec insistance les syndicats médicaux. Frédéric van Roekeghem peut également tirer profit du plan d’économies de 1,4 milliard d’euros qu’il demande aux médecins d’atteindre en deux ans, 2006-2007, par des réductions sur leurs prescriptions, et des missions de prévention et de dépistage qu’il leur a fixées, sans qu’il desserre un peu plus sa bourse.
Enfin, peut-être un bon point pour le SML qui, en refusant de signer cet accord conventionnel vendredi au petit matin, sous le prétexte que l’on demandait aux médecins de faire des économies en 2006 et 2007, sans qu’il soit prévu de nouvelle revalorisation en 2007, peut amener dans ses rangs un certain nombre d’opposants à la convention : ceux qui ne se retrouvent ni dans la FMF ni dans MG-France. Le SML peut aussi convaincre des déçus de la Csmf de le rejoindre.
Chaque formation espère bien tirer avantage de sa position.
Le Dr Chassang ne s’y est d’ailleurs pas trompé qui affirmait, dès que l’accord a été conclu, que la décision du SML s’expliquait «par la proximité des échéances électorales». Entendez : par le scrutin aux unions régionales de médecins libéraux (Urml) du 29 mai prochain. Ce qui n’est sans doute pas tout à fait faux ; mais le constat peut s’appliquer à toutes les organisations syndicales, qu’elles aient participé ou non à ces négociations tarifaires, qu’elles aient signé ou non. Et aujourd’hui chaque formation espère bien tirer avantage de sa position. La Csmf, qui va mettre en avant son rôle essentiel, pour ne pas dire déterminant, au plan politique, dans l’octroi des revalorisations pour les généralistes et les spécialistes ; Alliance, qui va insister sur son sens des responsabilités ; le SML, qui dénonce déjà le rôle de la Csmf, laquelle, dit le Dr Dinorino Cabrera, n’a pas su profiter de la forte mobilisation des médecins pour négocier un accord plus intéressant alors que celui-ci «va coûter cher aux médecins».
Quant aux opposants à la convention, ils comptent bien profiter d’une «déception légitime», disent-ils, des médecins pour réussir à les entraîner dans leur sillage qui n’est pas cependant pas identique, même si l’une et l’autre dénoncent un «marché de dupes». La FMF en fustigeant «un accord qui ne trompe personne et une convention qu’il faut mettre à bas»; MG-France en dénonçant une «petite» revalorisation de 1 euro «qui ne représente rien par rapport aux besoins d’investissements de la médecine générale».
«Tout le monde y gagne», a commenté de son côté le ministre de la Santé, qui, à l’évidence, est soulagé de cet accord pour lequel il n’a pas ménagé ses efforts et qui a nécessité, dit-on, l’intervention de Matignon et même de l’Elysée, qui ne voulaient pas entendre parler d’une nouvelle crise avec les médecins.
Mais en affirmant dans le même temps que «c’est l’assurance-maladie qui est gagnante», Xavier Bertrand ne rend pas forcément service à la Csmf dans le contexte actuel. Surtout à quelques mois d’une échéance électorale décisive.
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