Les coupes financières massives dans le secteur de la santé, accumulées depuis trois ans par le gouvernement espagnol (environ 20 % du budget a été amputé), et relayées par les gouvernements régionaux qui gèrent la politique de santé, frappent de plein fouet les médecins espagnols, en particulier ceux qui travaillent dans les zones rurales des « deux Castilles », au nord et au sud de Madrid.
Un décret publié au bulletin officiel de la Castille et Léon vient de confirmer la suppression de plus de 50 « zones médicales rurales », constituées chacune par un centre de santé (où travaille au minimum un médecin, un infirmier et un service d’urgences). Ces centres organisaient les consultations sur place mais aussi les vacations dans les zones reculées grâce à la présence de médecins mobiles qui tournent sur plusieurs villages.
Désormais, les professionnels des zones limitrophes devront prendre en charge les patients des zones concernées par ce décret. Cette restructuration représente la perte de 180 postes de médecins et de 45 postes d’infirmières en Castille et Léon, se désole le Dr Salvador Escribano, un des responsables syndicaux dans cette région.
Population mobilisée
L’équation est quasi insoluble car les médecins de famille espagnols travaillant à la campagne croulent déjà sous les tâches administratives. Par exemple, les ordonnances qui comportent un traitement coûteux doivent recevoir le feu vert d’un inspecteur régional. Cette démarche est réalisée par voie informatique par le praticien, avec les aléas techniques que cela implique dans les zones rurales profondes.
Quant à la population des campagnes espagnoles, elle a déjà prouvé en 2012 sa détermination à lutter pour maintenir un accès correct aux soins : en 2012, lorsque le gouvernement régional de Castille la Manche, près de Madrid, avait annoncé la fermeture de centres d’urgences nocturnes dans plus de 20 villages, des centres de santé avaient été occupés et des manifestations avaient abouti en janvier 2013 à la suspension de cette mesure.
Cela n’empêche pas les médecins d’être très inquiets. Le Dr Bona, médecin rural, fait 2h40 de voiture tous les jours dans la zone concernée par les nouvelles coupes budgétaires. « Nous ne savons pas quels sont les critères qui déterminent les suppressions de postes mais dans la pratique, beaucoup de professionnels qui prennent leur retraite ne seront pas remplacés ».
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