Le recensement de l'année dernière a fait apparaître qu'il y a 50 454 centenaires aux Etats-Unis, soit une augmentation de 35 % par rapport à 1990.
Bien entendu, les chercheurs s'intéressent à cette population parce qu'elle permet de donner de nombreux indices sur les raisons médicales de la longévité. Les études déjà consacrées à ce sujet montrent, selon le Dr Bob Roush, une spécialiste en gériatrie, que divers facteurs entrent en jeu et qu'ils ne sont pas seulement d'ordre physiologique. « Il peut y avoir des raisons génétiques, ou liées à l'amélioration des soins, au fait que la personne âgée a eu toute sa vie une conduite exemplaire, exempte de tabac et d'alcool. Mais d'autres facteurs entrent en ligne de compte, par exemple un fort soutien familial, la sérénité des rapports au sein du couple ou entre la personne âgée et les membres plus jeunes de la famille. Il n'y a pas de "secret de la longévité ". »
281 millions d'Américains
Le Dr Roush fait remarquer que le nombre de centenaires, bien qu'il aille croissant, n'est une raison ni de se réjouir au sujet de l'espérance de vie ni de s'inquiéter du vieillissement de la population. « Oui, il y a plus de centenaires aujourd'hui qu'autrefois, explique-t-il, mais ils représentent infiniment moins que 1 % de la population totale (281 400 000 personnes, selon le recensement 2000).
En outre, ajoute-t-il, le recensement montre, pour la première fois depuis le fameux baby-boom, que la croissance démographique générale est supérieure en pourcentage à la croissance du nombre des 65 ans et plus : 13,2 % contre 12 %, ce qui tend à indiquer que le vieillissement de la société américaine n'est pas inéluctable. Cependant, l'âge moyen des Américains a légèrement augmenté en dix ans. Il est passé de 32,9 ans à 35,3 ; et le phénomène est largement dû aux conséquences du baby-boom de l'après-guerre, les personnes nées à l'époque dépassant désormais la cinquantaine. L'immigration, toujours très élevée aux Etats-Unis, peut être comparée à une sorte de baby-boom importé, la plupart des immigrants, qu'ils arrivent légalement ou non, étant souvent des personnes âgées de moins de 30 ans.
Le Dr Thomas Perls dirige à Harvard une étude sur les centenaires. Il insiste sur le facteur génétique : « Presque tous les Américains ont des gènes qui leur permettent de dépasser l'âge de 80 ans, affirme-t-il, pour peu qu'ils prennent un certain nombre de précautions diététiques et fassent un peu d'exercice physique. L'obésité et le tabac constituent une agression contre les gènes. Et cependant, on voit beaucoup d'organismes qui résistent fort bien à cette agression. On rencontre des centenaires obèses ou qui fument encore. Cela démontre que leurs organismes se défendent contre les toxiques, et cette défense naturelle ne peut être que génétique. »
Le Dr Perls est le coauteur d'une étude qui a fait progresser la recherche du chromosome susceptible de jouer un rôle dans la longévité. Il est convaincu que, lorsque le chromosome aura été identifié, il offrira des pistes pour prolonger la vie.
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