Cinéma
Après Jean Cocteau (1976) et Walt Disney (1991), des films, une comédie musicale, un ballet, des albums et on en passe, on pouvait craindre la déception. N’avons-nous pas tous notre vision de « la Belle et la Bête » ? Ambitieux et ne reculant pas devant les risques, le réalisateur Christophe Gans (« le Pacte des loups ») et le producteur Richard Granpierre ont pensé qu’il était possible de remettre au goût du jour cette histoire que tout le monde connaît et d’offrir un grand film populaire que tous les publics puissent apprécier.
Et ils ont eu raison, s’entourant d’une équipe de choix pour les décors et les costumes et utilisant au mieux les moyens numériques. Partant du premier texte de Mme de Villeneuve, publié en 1740 (la version abrégée de Mme Leprince de Beaumont date de 1758), Christophe Gans et sa coscénariste Sandra Vo-Anh dotent l’histoire de personnages, d’épisodes et de rebondissements inédits et si l’on connaît la fin, on est souvent surpris – et conquis. Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussollier et les nombreux autres acteurs jouent leur partition avec cœur. Mais c’est surtout la richesse des images et leur beauté de conte de fées à l’ancienne qui séduit.
Dans la Pologne de l’après-guerre
Sautons dans les années 1960 et de la couleur au noir et blanc pour faire la connaissance d’Ida, une orpheline qui ne connaît que le couvent reculé où elle a été élevée et où elle s’apprête à prononcer ses vœux. La rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie et qu’elle ne connaissait pas, va bouleverser sa vie. Car Ida est juive et ses parents sont morts dans de terribles circonstances que la tante et la nièce vont découvrir au fil d’un périple dans la campagne enneigée.
L’histoire est poignante. Les histoires plutôt. Celle des parents assassinés, celle de la tante dans la Pologne très catholique et très communiste de l’après-guerre et celle de la jeune fille qui découvre le monde extérieur, ses horreurs et ses bonheurs, parmi lesquels la musique. Pawel Pawlikowski restitue l’atmosphère de son pays natal, qu’il a quitté à 14 ans (il vit en Grande-Bretagne, où il a réalisé notamment « Transit Palace » et « My Summer of Love », avant de tourner en France « la Femme du Ve »). Il a, surtout, trouvé un style cinématographique original qui accentue la force et la beauté de son récit : un minimalisme (relatif) des dialogues et des décors associé à un décentrage des personnages dans le cadre. Placés par exemple en bas de l’image, ils apparaissent perdus, abandonnés sous le ciel, ce qu’ils sont effectivement. La débutante Agata Trzebuchowska, avec ses grands yeux sombres, et l’actrice expérimentée Agata Kulesza forment ainsi un duo qui devrait toucher les cinéphiles les plus exigeants comme les spectateurs ingénus.
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