Lian Enqing, patient chinois de 33 ans, était mécontent de l’opération du nez qu’il avait subie au printemps 2013 dans un hôpital de Wenling, à environ 300 km au sud de Shanghai.
Le 25 octobre dernier, il s’est armé d’un couteau et est parti à la recherche du chirurgien qu’il rendait responsable de ses malheurs. Ne l’ayant pas trouvé, il a assassiné le chef du service d’ORL de l’hôpital, le Dr Wang Yunjie, à la place. Deux autres médecins ont été blessés dans la rixe.
Indignation et tolérance zéro
Ce meurtre vient s’ajouter à la longue liste des violences contre le personnel de santé en Chine. Il a suscité l’indignation générale dans le monde hospitalier. L’affaire a conduit le ministre de la Sécurité publique à promettre la tolérance zéro en cas de violence contre les soignants.
Lian Enqing a comparu devant le tribunal de la province du Zhejian le 22 janvier. Le 27, la cour a annoncé qu’il était condamné à mort. D’après l’agence officielle Xinhua, sa sœur avait expliqué durant l’audience que le meurtrier souffrait de troubles délirants pour lesquels il était traité à Shanghai.
Les juges ont cependant estimé que l’accusé était pénalement responsable. Xinhua rapporte que Lian Enqing a reconnu son crime pendant le procès. Il aurait par ailleurs assuré qu’il était en bonne santé mentale et qu’il considérait toujours que son opération du nez avait échoué.
Boucliers, matraques et arts martiaux !
La violence contre les professionnels de santé est un problème structurel en Chine.
D’après une étude de l’association chinoise des hôpitaux citée par le South China Morning Post, il y aurait en moyenne 27 incidents violents par an dans chaque établissement du pays. En 2012, 7 médecins ont été tués et 28 ont été blessés dans des attaques du genre de celle qui a coûté la vie au Dr Wang Yunjie.
Le quotidien hongkongais explique que les hôpitaux commencent à prendre des mesures radicales pour lutter contre le phénomène, fournissant au personnel des bombes lacrymogènes, des boucliers et des matraques. Après la mort du Dr Wang Yunjie, deux hôpitaux de Shanghai ont même commencé à donner des leçons de taekwondo leurs employés.
La cause de cette violence, d’après les médecins interrogés par le South China Morning Post, est à rechercher dans le stress permanent dans lequel vivent soignants et soignés en Chine : les hôpitaux du pays sont sous-financés, surchargés et ils coûtent extrêmement cher. Lorsque les patients ne sont pas satisfaits des soins reçus, ils s’en prennent au personnel de santé sans comprendre que celui-ci est lui aussi une victime des dysfonctionnements du système.
La violence n’est que l’une des manifestations du profond malaise dans lequel est plongé le secteur de la santé en Chine : d’après l’étude de l’association des hôpitaux déjà citée, 78 % des praticiens ne laisseraient pas leur enfant étudier la médecine.
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