HÉRITIER de l’histoire tourmentée de l’Alsace et de la Moselle, le régime local d’assurance-maladie garantit toujours aux salariés et retraités des trois départements, moyennant une cotisation supplémentaire obligatoire, une prise en charge à 90 % de toutes leurs dépenses médicales et pharmaceutiques. S’il constitue ainsi une « mutuelle obligatoire » pour ses 2,5 millions d’affiliés, il souhaite désormais dépasser ce rôle en renforçant son influence sur les politiques de santé… y compris en établissement de nouvelles relations avec le corps médical.
À l’occasion de la première séance publique de son conseil d’administration, les responsables du régime local ont fait le point sur sa situation actuelle – un déficit de 15 millions d’euros compensé aux deux tiers par ses réserves, et un montant total de dépenses de 452 millions – mais aussi et surtout présenté ses ambitions pour les années à venir.
Déjà très engagé dans le financement de différents programmes de prévention, le régime local souhaite « aller plus loin », notamment en matière de financement des prestations et de remboursements des dépenses. « Plutôt que de payer éternellement la différence entre les remboursements du régime général et les 90 % prévus par le régime local, nous voudrions financer des forfaits de soins et des nouveaux modes de rémunération, notamment pour les affections de longue durée », a souligné le président du régime local, Daniel Lorthiois, qui voit dans le paiement des médecins à l’acte un « système dépassé ». En outre, le régime local rappelle son hostilité aux dépassements d’honoraires et plaide pour une meilleure promotion du parcours de soins coordonnés. Disposant depuis 1995 d’une certaine autonomie de gestion, il lui faudra toutefois encore « faire sauter » des verrous administratifs pour élargir cette dernière autant qu’il le souhaite.
Pour leur part, les médecins de la région jugent « intéressantes » les idées de Daniel Lorthiois, mais souhaitent avant tout être associés aux discussions. « Il ne faut pas seulement rechercher des économies auprès du secteur libéral, ni stigmatiser les dépassements sans en rechercher la cause », explique le Dr Élisabeth Cruczek, présidente de l’Ordre des médecins du Bas-Rhin, venue représenter ses confrères à cette réunion. « Nous sommes prêts à travailler sur toutes les pistes nouvelles, a-t-elle souligné, mais nous avons-nous aussi beaucoup à dire et voulons être écoutés. »
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