Outre-Rhin, depuis plus de 80 ans, la gestion du tiers payant est assurée régionalement par les « unions de médecins conventionnés ». Ces organisations professionnelles se chargent de réclamer les honoraires aux caisses d’assurance-maladie et de négocier avec elles le montant des tarifs.
En pratique, les praticiens envoient tous les trois mois à leur union régionale (KV) le total de leurs actes réalisés, cotés en « points » dont le nombre peut varier en fonction du statut du patient mais aussi de critères médicaux, géographiques et économiques. Les « KV » vérifient les factures et convertissent les points en euros, puis se font payer par les caisses maladie avant de verser mensuellement les honoraires aux médecins.
Grâce à ce système où leurs unions régionales font l’interface, les médecins n’ont aucune démarche administrative à faire pour être payés ce qui ne signifie pas qu’ils sont épargnés par la bureaucratie. Au contraire, les caisses leur réclament beaucoup de renseignements (sur leurs patients notamment) et contrôlent précisément leur activité. Le temps « gagné » sur les facturations stricto sensu est souvent perdu avec d’autres tâches administratives.
Certains syndicats considèrent que le tiers payant est totalement opaque pour le patient et onéreux pour la collectivité (par un effet inflationniste). Pendant longtemps, le principal syndicat de médecins libéraux allemands, le Hartmannbund, s’est battu au nom de la transparence et de l’exercice libéral pour que les médecins obtiennent le choix entre le tiers payant et le paiement direct à l’acte. En 2004, le gouvernement a donné... le choix aux patients. Les médecins ont vite déchanté : seuls 0,2 % des assurés, soit 132 000 patients, ont choisi cette formule. Après cet échec, plus personne ne songe à encourager le paiement direct, même si beaucoup de médecins allemands observent avec sympathie le combat de leurs confrères français, dont ils saluent le caractère presque philosophique.
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