L'annonce du projet de rachat de l'américain Monsanto par le laboratoire allemand Bayer inquiète en Allemagne. Bayer vient de proposer 62 milliards de dollars pour Monsanto, soit environ 55 milliards d'euros. La création annoncée d'un géant des pesticides, des engrais et des cultures génétiquement modifiées alarme dans un pays où l'opinion est largement anti-OGM.
« Monsanto ne pourrait pas être plus impopulaire qu'en Allemagne », a expliqué à l'AFP Anne Isakowitsch, une militante berlinoise du groupe de pression Sum of Us, qui vient de lancer une pétition contre le rapprochement avec Bayer. Une union des deux géants serait « un mariage infernal, désastreux, se désole-t-elle. La plus grande peur, c'est que Bayer cherche à acheter Monsanto pour inonder le marché européen d'OGM ».
Du côté politique, les sociaux-démocrates (SPD), partenaires minoritaires au sein de la grande coalition d'Angela Merkel, s'élèvent déjà contre la fusion. « Je suis très, très critique sur ce rachat. Monsanto a extrêmement mauvaise réputation en Allemagne en matière de génétique », explique Elvira Drobinski-Weiss, la députée chargée des questions OGM au sein du SPD. La réticence est telle que BASF, l'autre géant rhénan actif dans l'agrochimie, avait délocalisé en 2012 sa recherche sur les OGM d'Allemagne vers les États-Unis et arrêté de développer des semences pour l'Europe.
Bayer est habitué à être sous le feu de la critique car c'est lui qui commercialise les néonicotinoïdes, des pesticides accusés de tuer les abeilles et actuellement sous le coup d'un moratoire de l'Union européenne. Une décision que le groupe allemand conteste en justice tout en finançant un centre « pour la santé des abeilles ».
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