L'ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida) a fait de la création d'un observatoire des sous-types du virus de l'hépatite C une priorité. La répartition des six génotypes connus du virus varie, en effet, en fonction de la zone géographique et, dans un même pays, selon les modes de transmission. Les types 1, 2 et 3 prédominent en Europe et aux Etats-Unis, tandis que les types 4 et 5 sont majoritairement rencontrés en Afrique et au Moyen-Orient. Le génotype 6 est, quant à lui, restreint à l'Asie du Sud-Est.
En France, le génotype 1 (sous type 1b) est le plus souvent retrouvé chez les patients contaminés à la suite d'une transfusion sanguine, tandis que le génotype 3 (sous type 3a) est plus fréquent chez les utilisateurs de drogues par voie intraveineuse.
La mise en place d'un observatoire national de surveillance poursuit trois buts essentiels : étudier les tendances épidémiologiques de l'infection, aider à orienter les politiques de prévention et de dépistage et constituer des cohortes de sujets infectés par des génotypes rares.
Une étude de faisabilité préalable a été réalisée par l'InVS (Institut de veille sanitaire) et le groupe VHC de l'ANRS, à partir des données recueillies par 23 laboratoires de virologie de centres hospitaliers universitaires ou régionaux. La méthode s'est inspirée de celle qui a été utilisée pour la création de l'observatoire des souches du VIH, réalisée entre septembre 1996 et mars 1998.
1 486 nouveaux cas
Entre le 1er novembre 2000 et le 1er avril 2001, 1 486 nouveaux patients âgés de plus de 18 ans ont été inclus. Tous sont des séropositifs pour le VHC nouvellement diagnostiqués qui n'ont jamais bénéficié d'un traitement antiviral spécifique. Pour chacun, une fiche virologique devait être complétée par le laboratoire (recherche d'anticorps, virémie, typage des souches de VHC) et une fiche épidémiologique par le médecin chargé du patient.
Afin de faciliter la comparaison avec les données publiées antérieurement, 6 inter-régions ont été définies : Ile-de-France, Sud-Ouest, Sud-Est, Nord-Est, Ouest et DOM (Martinique).
L'analyse principale a porté sur les 546 patients pour lesquels la fiche épidémiologique a été retournée. Les données disponibles pour les 940 autres ont permis de comparer les deux populations et de vérifier les biais possibles.
Plus de 38 % des nouveaux cas analysés viennent de la région parisienne (212/546), 35,7 % du Sud-Est, 8,6 % du Nord-Est, 8,2 % du Sud-Ouest, 6 % de l'Ouest et 2,6 % des DOM (Martinique).
La majorités des patients sont des hommes (60,8 %) originaires de France métropolitaine (70,1 %). Pour 88,1 % d'entre eux, la date de la première sérologie positive est connue : entre 1998 et 2001 pour la plupart (74,1 %), entre 1990 et 1997 pour les autres.
La notion d'une sérologie négative après 1992, année à partir de laquelle la fiabilité a été obtenue, a pu être établie pour 15 patients. Le délai de séroconversion est en moyenne de 2 ans (calculé pour 13 d'entre eux) avec comme facteur de risque : un antécédent d'usage de drogue par voie intraveineuse (7/13), une exposition nosocomiale (2/13), un partenaire sexuel infecté (3/13).
Surtout en Ile-de-France
Le typage virologique confirme que le type 1b est le plus fréquemment retrouvé, quelle que soit l'inter-région considérée. Suivent le VHC type 3 et le type 4. Cette distribution se rapproche de celle qui a été rapportée dans une précédente étude française réalisée entre 1989 et 1997. Laquelle portait cependant sur des patients virémiques diagnostiqués dans 14 centres hospitaliers. Ainsi, si l'on tient compte uniquement des patients virémiques, les données comparées des deux études s'établissent de la manière suivante : 32,6 % dans l'étude présente contre 40,4 % pour le type 1b ; 22,5 % contre 16 % pour le type 3. La différence la plus importante est constituée par la fréquence du VHC type 4 qui est plus du double de celle observée entre 1789 et 1997 (10,7 % contre 4,1 %). Pour la seule Ile-de-France, le chiffre passe à 17,3 % contre 3 % antérieurement. Ce type 4 est également majoritaire parmi les usagers de drogues (17,9 %).
Les auteurs font observer que « ce phénomène avait déjà été rapporté dans le travail de Morice et col. en 2001 qui soulignait une proportion importante du VHC type 4 parmi la population de la Seine-Saint-Denis et la diffusion de deux sous-types 4 (4a et 4d) parmi les usagers de drogue par voie intraveineuse. L'ensemble de ces données suggère fortement l'hypothèse d'une émergence du VHC type 4 en France ».
Par ailleurs, il semble que ce génotype 4 soit moins sensible au traitement antiviral, même si peu d'études sont disponibles en France. L'efficacité de l'association interféron pégylé-ribavirine doit donc être mesurée, tout comme la surveillance épidémiologique doit confirmer l'émergence de ce sous-type.
Enfin, si la représentativité des résultats ne semble pas avoir été affectée par la faible proportion de retour des fiches épidémiologiques (36,7 %), celle-ci met en évidence la nécessaire coopération virologue-clinicien pour une meilleure efficacité du futur observatoire.
* N°46/2002.
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