INTERVENTION non invasive, la radiologie interventionnelle repose sur un guidage par imagerie médicale utilisant quatre grandes procédures : l’angiographie, l’angioscanner, l’IRM et les ultrasons. Utilisée dans trois grands domaines (les maladies vasculaires, les pathologies viscérales abdominales et la neuroradiologie), la radiologie interventionnelle permet tout aussi bien de soigner les sténoses vasculaires, de traiter les anévrismes, de détruire certaines tumeurs, de consolider les vertèbres...
•Fibromes utérins
Alternative à la chirurgie, l’embolisation des fibromes utérins a pour principe de boucher les artères alimentant les fibromes en injectant des particules d’embolisation biologiquement inertes (taille d’un grain de sable). N’étant plus oxygénés et n’ayant plus d’apports nutritionnels, les fibromes s’assèchent et diminuent de volume progressivement au cours des mois suivants. Des études cliniques portant sur de grands nombres de femmes comparant l’embolisation à la chirurgie démontrent que l’embolisation utérine offre un meilleur confort thérapeutique (pas d’anesthésie générale, pas de risque hémorragique, pas d’incision chirurgicale, durée d’hospitalisation courte, reprise rapide des activités) avec un coût inférieur à celui de la myomectomie et de l’hystérectomie. Elle permet surtout de conserver l’utérus et les cycles hormonaux. La Haute autorité de santé a reconnu l’intérêt de la technique et a émis des recommandations dont l’une est destinée à la Cnam : elle recommande de créer une codification spécifique pour l’embolisation du fibrome utérin. L’une des pistes d’avenir est de déterminer la possibilité de mener à bien une grossesse après avoir subi une embolisation du fibrome utérin. C’est l’une des questions à laquelle devra répondre le registre européen que Cirse a ouvert fin 2004.
•Vertèbre creusée ou fissurée
Utilisée pour la première fois en 1984, la vertébroplastie est une technique de radiologie interventionnelle qui consiste à injecter un ciment ou une colle acrylique dans une vertèbre pathologique fissurée ou creusée. Elle a un double effet : consolider la vertèbre et soulager les douleurs. Utilisée au départ dans le traitement des fractures dues aux cancers de l’os ou aux métastases osseuses, dès 1994, la vertébroplastie est devenue un traitement de l’ostéoporose. Une étude, menée à Strasbourg (Pr A. Gangi), sur dix ans (de 1990 à 2000), a suivi 407 vertébroplasties réalisées chez 312 patients et a montré que 79 % des patients ont vu leur douleur diminuer. En ce qui concerne l’avenir, plusieurs études suggèrent qu’un traitement précoce des vertèbres par vertébroplastie pourrait permettre d’éviter d’autres fractures et une perte de taille, mais on manque encore de recul pour le démontrer. Enfin, la vertébroplastie pourrait être utilisée de manière préventive chez les patients atteints d’ostéoporose en traitant les vertèbres fragilisées avant la fracture.
•Angioplastie carotidienne
L’angioplastie carotidienne est pratiquée depuis une dizaine d’années en France (environ 500 procédures par an). Dès à présent, cette technique a sa place dans le cadre d’études contrôlées, ou lorsque la chirurgie est impossible ou risquée (patients au cou « cartonné » à cause d’une radiothérapie, en cas de trachéotomie ou lors de resténose postchirurgie). Le stenting carotidien apparaît comme une technique permettant un taux de succès anatomique élevé avec risque de complication faible. L’administration d’une association d’antiagrégants plaquettaires, la miniaturisation du matériel, la mise en place d’un stent systématique et l’utilisation d’un système de protection cérébrale contribuent à la maîtrise du geste d’angioplastie. En Allemagne, en Italie et aux Etats-Unis, de 20 à 30 % des sténoses de la carotide à opérer sont traités par angioplastie ; la FDA a autorisé la procédure aux Etats-Unis pour les patients à haut risque chirurgical ; l’Allemagne et l’Italie l’autorisent également. En France, par principe de précaution et dans l’attente de publication des résultats des grandes études en cours (EVA 35 en France, SPACE en Allemagne, ICSS en Angleterre, CREST aux Etats-Unis), cette technique n’est encore employée qu’exceptionnellement, en particulier dans le cadre d’essais thérapeutiques.
•Destruction thermique
L’ablation par radiofréquence est une technique de destruction thermique des tumeurs. Elle représente un traitement non chirurgical et localisé des tumeurs dont la situation ne permet pas la résection chirurgicale, ou pour des patients à l’état général précaire contre-indiquant une chirurgie. La cancérologie est un domaine pour lequel la technique d’ablation par radiofréquence est en pleine expansion. Utilisée depuis moins de dix ans dans la destruction de tumeurs, elle a déjà montré une efficacité locale remarquable dans le traitement des tumeurs hépatiques et rénales. Les premiers résultats du traitement de tumeurs cancéreuses du poumon sont encourageants. De nouvelles indications comme le traitement des tumeurs du sein sont en cours de validation ; cette technique propose une alternative pour des patients non opérables et doit maintenant être comparée à la chirurgie. Enfin, les associations avec des traitements médicamenteux par voie générale ou injectés sur le site de réalisation de la radiofréquence pourraient encore augmenter l’efficacité locale de ces traitements.
Conférence de presse à laquelle participaient : le Pr A. Gangi (CHU Strasbourg) et les Drs T. de Baère (IGR, Villejuif), B. Beyssen (hôpital européen Georges-Pompidou, Sainte-Anne, Paris) et J.-P. Delage (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt).
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