Une étude autrichienne publiée dans le « British Medical Journal » suggère l'existence d'une association entre une concentration sérique en troponine T élevée et la sévérité d'une embolie pulmonaire. Les auteurs suggèrent l'existence d'une concentration seuil qui permet de prédire que la gravité de l'embolie pulmonaire est suffisamment importante pour provoquer le décès.
Ces conclusions ressortent de l'analyse des données obtenues au cours l'étude d'une cohorte de 127 patients hospitalisés pour embolie pulmonaire. Une fois que le diagnostic est confirmé par scanner ou par scintigraphie, la troponine sérique de 106 sujets (âge médian : 60 ans) a été dosée. Une embolie fulminante a été diagnostiquée chez 6 d'entre eux, une embolie massive chez 37, une embolie submassive chez 62 et le dernier sujet présentait une embolie mineure.
La concentration médiane en troponine chez les patients montrant des signes de souffrance ventriculaire droite à l'ECG était de 0,03 ng/ml. Chez les malades ne présentant pas de tels signes, cette concentration était inférieure à 0,01 ng/ml.
Supérieure ou égale à 0,09 ng/ml
Cinq des 106 sujets sont décédés à l'hôpital. La concentration en troponine mesurée dans leur sérum, douze heures après l'admission, était plus élevée que celle mesurée chez les autres (valeur médiane de 0,18 ng/ml vs <0,01 ng/ml). Janata et coll. ont pu déterminer qu'une concentration de troponine supérieure ou égale à 0,09 ng/ml était un bon indicateur de risque de décès.
Les auteurs reconnaissent qu'un groupe important de patients a été exclu de leur étude : ceux chez qui l'embolie pulmonaire passe inaperçue. Cependant, ils argumentent sur le fait que ces patients ont des symptômes mineurs et généralement un bon pronostic. Par ailleurs, les auteurs ont exclu 21 des 127 patients de la cohorte de départ. La troponine de ces sujets n'a pas été dosée en raison de leur âge (médiane : 47 ans), considéré comme trop jeune. Rétrospectivement, Janata et coll. ont pu observer que la proportion de patients décédant d'embolie pulmonaire était identique chez les 21 exclus et chez les 106 plus âgés.
En conclusion, les auteurs s'accordent à penser que, même si leur résultat suggère une association entre la troponine sérique et la gravité des embolies pulmonaires, l'utilisation du dosage de cette protéine comme outil pour la prise de décision clinique nécessite des études complémentaires.
K. Janata et coll., « British Medical Journal » du 8 février 2003, pp. 326-327.
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